De Carolis se sent pousser des ailes face à Koukas l'enraciné
« Je suis revenu dans ma ville il y a deux ans », reconnait Patrick de Carolis, candidat à la mairie d’Arles sur le plateau de débat de La Provence. Même s’il est encore directeur du Musée Marmottan à Paris, il affirme qu’il « quittera son poste au lendemain de l’élection ». En attendant, l’ancien présentateur de Des racines et des ailes a réussi son atterrissage dans sa ville de naissance. L’effet vu à la télé lui a permis d’arriver en tête du premier tour avec 26,41 %, devant Nicolas Koukas (21,16 %), le candidat de la gauche.
Favori et favorisme
Avec l’entre-deux-tours le plus long du monde, Cyril Juglaret (LR), conseiller régional arrivé troisième 15,32 %, a fini par écouter le pacte de raison proposé par le président de Région Renaud Muselier (LR) et retirer sa candidature. Avec un duel, il offre un boulevard théorique à Patrick de Carolis. Théorique, parce que Cyril Juglaret avait appuyé sa campagne sur l’éthique en politique en faisant valider par un huissier de justice le casier vierge de tous ses colistiers en plein meeting. C’était alors une façon de souligner la condamnation de l’ancien président de France télévisions pour favoritisme. Patrick de Carolis avait favorisé la jeune entreprise Bygmalion, fondée par Bastien Millot, son ancien directeur de la communication du groupe public. Pas sûr qu’une partie de la droite se mobilise derrière le condamné.
Qu’importe, Patrick de Carolis ne fait pas dans le détail. Il remerciait Renaud Muselier, pour son coup de main qui incitait « toutes les forces modérées à faire barrage à l’extrême gauche ». Car de Carolis, même s’il s’en défend, est bien à droite. Déjà, à l’automne, il recevait le soutien d’Agir, la droite macron-compatible du ministre de la Culture Franck Riester. Ajoutez à cela une liste marquée par Erick Souque, un ancien responsable du Front national dans les années 90, et des revenants des mandatures de Jean-Pierre Camouin (1983-1995), le dernier maire de droite qu’Arles ait connu. La prise d’une encartée socialiste, Catherine Balguerie, présente sur la liste de Nicolas Koukas quelques jours avant le dépôt des listes, ne fait rien à l’affaire. Patrick de Carolis souhaite « remettre la maison Arles en ordre ». Ses priorités : la sécurité et la propreté. Ça ne trompe pas.
Le bilan se paye
En face, Nicolas Koukas (encarté au PCF), joue l’alliance de la gauche. Pour le premier tour, il partait avec le soutien du PCF et du PS. Dans l’entre-deux-tours, il a fusionné avec Changeons d’avenir, la liste écolo-citoyenne qui a réalisé 8,31 % le 15 mars. Ces derniers, dont Virginie Maris, chercheuse au CNRS et philosophe, s’occuperaient des délégations comme la démocratie participative en cas de victoire. Certainement ce qu’appelle Patrick de Carolis, les « amis de gauche radicalisée » de Nicolas Koukas. Pourtant, il n’est pas assez à gauche pour recevoir le soutien officiel des Insoumis (3,24 %) ou de Lutte ouvrière (0,52 %), bien loin sous le seuil des 10 % pour se maintenir au second tour. Son soutien au projet de casino pèse, même s’il a fait un pas en arrière en décidant de réaliser un moratoire sur la question après la fusion avec les écolo-citoyens.
C’est que Nicolas Koukas paye aussi un bilan. Élu aux côtés d’Hervé Schiavetti depuis 2001, le quadra doit assumer un dernier mandat où le maire (PCF) s’est isolé dans ses prises de décisions et perdu tout le capital sympathie qui lui avait permis d’être élu à trois reprises. Sur la place du forum, comme dans les quartiers prioritaires, l’envie est forte « de changer les hommes », « mettre un coup de pied dans la fourmilière », même si Nicolas Koukas a monté une liste avec 95 % de personnes encore jamais élues.
Le candidat auto-proclamé du changement Patrick de Carolis, lui, promet à tout va. Il souhaite tout refaire : les routes, les écoles, les bâtiments publics et propose de « construire le grand Arles », « pour renouer avec la prospérité ». Avec lui le complexe sportif se transformera « en grand pôle multisports pouvant accueillir des événements internationaux ». Et les promesses, ça marche. Dans un quartier prioritaire, Yassine, 19 ans, votera pour Patrick de Carolis « parce qu’il fera un parcours de santé, rénovera le stade et organisera des balades à cheval ». Plus loin, un autre jeune ira aussi voter de Carolis. Lui s’est fait promettre un emploi dans une collectivité. Pourtant, le candidat du changement promet avec lui de « tourner la page de dix-neuf ans de clientélisme ». Avec ces vieilles méthodes, Patrick de Carolis se voit déjà élu. Son agenda est déjà rempli. « Le 2 juillet, j’ai déjà rendez-vous avec une école de commerce pour son implantation », lance-t-il sur le plateau de La Provence. Les affaires sont prêtes à reprendre.