Ça sent vraiment le moisi !
Non mais Allauch, quoi ?! Rarement cette interjection – attribuée à Nabila – aura autant résonné dans cette petite commune des Bouches-du-Rhône que pour les municipales. Et pas seulement parce que le maire sortant, le très divers (gauche) Roland Povinelli, qui briguait un 9ème mandat, est mort après le 1er tour ! Comme le résume Laurent Jacobelli, du RN (arrivé troisième avec 16,2 %) « c’est Dallas ici ! »
La conseillère régionale (LR) Monique Robineau (arrivée quatrième avec 11,29 % des suffrages) vient de rallier et de prendre la tête de la liste du maire sortant (arrivé deuxième avec 24,27 %) ! Malgré les menaces à peine voilées du président (LR) de la Région, Renaud Muselier, qui lui a demandé avec insistance de se retirer au profit du candidat menant la course en tête (31,87 %), le « divers droite » Lionel Moisy de Cala. Or, c’est du côté de ce dernier que cela tangue le plus !
Lettre anonyme
Car, comme nous l’a confirmé Monique Robineau, celle-ci a interpelé la préfecture estimant que ce dernier serait « inéligible au mandat de conseiller municipal en raison de l’emploi qu’il occupe à la Région ». Lionel Moisy de Cala exerce, comme on le trouve sur son site de campagne « Générations Allauch », la fonction de « directeur de projet ». Or, au regard de l’article L 231 du code électoral, sont inéligibles au mandat de conseiller municipal dans les communes situées dans le ressort où elles exercent ou ont exercé leurs fonctions depuis moins de six mois « les personnes exerçant, au sein du conseil régional, les fonctions de directeur général des services, directeur général adjoint des services, directeur des services, directeur adjoint des services ou chef de service ».
En atteste l’avenant au contrat de travail qu’il a signé début 2019 mais aussi le bulletin de salaire d’avril 2020 (que le Ravi a pu consulter) et qui confirme bien la fonction de « directeur de projet » au sein de la direction « communication et marque ». Et ce, pour environ 5000 euros par mois avec le grade d’ « administrateur ».
« J’ai reçu une lettre anonyme dans ma boîte aux lettres avec un certain nombre d’éléments. J’en ai parlé à mon cousin avocat et son collaborateur est formel. Administrateur, c’est le plus haut grade. Le code électoral interdit de se présenter toute personne d’une collectivité à partir du moment où il est, à minima, chef de service. Il aurait dû se mettre en disponibilité ou démissionner depuis au moins 6 mois. Il est donc inéligible !», tonne Monique Robineau qui cite deux décisions de la justice administrative lyonnaise de 2014 allant en ce sens.
Poste n°5 665
La conseillère régionale a prévenu la préfecture non seulement qu’elle ne s’interdit aucun recours à l’issue des élections. Mais aussi qu’elle compte bien porter plainte auprès du procureur de la République en vertu de l’article L88-1 du code électoral qui prévoit « un an d’emprisonnement et une amende de 15.000 euros » pour toute personne qui « aura sciemment fait acte de candidature sous de faux noms ou de fausses qualités ou aura sciemment dissimulé une incapacité prévue par la loi ».
De fait, dans l’organigramme du conseil régional fin 2019, Lionel Moisy de Cala n’apparaît pas. Mais, dans un document spécifique à la « direction de la communication et de la marque », il y figure bien, avec, pour numéro de poste « 5 665 ». Et d’aucuns de s’interroger en le voyant, en pleine campagne des municipales, mettre en avant sur les réseaux sociaux un courrier de son patron de président de Région, lui apportant son soutien dans le cadre de l’opération « 1 million d’arbres plantés en région Sud d’ici 2021 », Muselier écrivant : « Je soutiens la démarche qui est la vôtre et je m’engage à fournir 4 400 arbres dont 880 pour revégétaliser les zones urbaines de la commune d’Allauch. » Et nombreux s’interrogeront de le voir monter au créneau au profit de celui qui fut aussi son ancien attaché parlementaire…
Contacté, Lionel Moisy de Cala nous répond par SMS : « Cela n’a aucun fondement. Tout a été enregistré en bonne et due forme à la Préfecture. » Mais, alors que viennent d’être publiées les listes pour le 2nd tour des municipales – et notamment celles d’Allauch – on est, à la Préfecture, dans ses petits souliers : « Ce sont des listes provisoires et il faut qu’elles soient validées par le ministère de l’Intérieur », nous dit-on. Tant Monique Robineau que Laurent Jacobelli déplorent que la liste de leur concurrent ait été enregistrée. « Les électeurs vont participer à un scrutin qui a toutes les chances d’être invalidée par la suite ! », estime cette dernière. En attendant l’entourage de Renaud Muselier n’a pas donné suite aux sollicitations du Ravi. A Allauch, ça sentirait vraiment le moisi ?