Pas toujours extra-muros !
Ce mardi 14 janvier, Cécile Helle n’en est qu’au début de son marathon des vœux. Ce soir, elle s’adresse à environ 150 personnes au « Château », une salle polyvalente de Saint-Chamand. À deux pas des barres HLM, la maire (PS) sortante, qui se représente, boucle rapidement un discours axé sur « la culture populaire qui se partage ». Elle est plutôt en terrain conquis : le nouveau stade nautique vient d’être inauguré après 10 ans de fermeture, la « plaine des sports » à quelques minutes a été livrée l’été dernier et le terminus du tramway, dont elle ne voulait pas avant son élection, dessert le quartier depuis le mois d’octobre.
Un groupe de petits vieux taillent une bavette dans un coin de la salle. « Elle a fait beaucoup pour le quartier, il a bien changé ces dernières années », assure l’un d’entre eux. Ils voteront tous pour Helle. Un peu plus loin, des jeunes attendent le début du discours. L’un d’eux, qui accompagne un ami employé municipal, se fait plus sévère : « De manière générale, les quartiers sont délaissés. Ils l’étaient déjà. On met beaucoup d’argent dans le centre-ville, pas dans l’extra-muros. Et on voit la dégradation : plus de dealers, de délinquance. » Il ira voter mais ne sait pas encore pour qui. « En fait on vient parce qu’il y a un buffet », rigole-t-il.
Baisse de subventions
Des élus d’opposition sont présents, du Rassemblement national (RN), mais surtout des écologistes, anciennement membres de la majorité municipale, qui ont constitué une liste autonome. L’un d’eux, Olivier Gros, évoque les baisses de subventions aux associations, notamment aux centres sociaux de la ville. Selon des chiffres issus de la commission de contrôle financier de l’agglomération, entre 2014 et 2017, parmi les 5 centres sociaux (sur les 7) où les données sont disponibles, la baisse de subventions de la ville est de 3 % : « Pourquoi cette érosion ? On est dans la continuité, il n’y a pas d’ambition… De la part d’un maire de gauche, on pouvait espérer mieux. »
Pour la directrice du centre social La fenêtre, Martine Gay, présente à la cérémonie (par ailleurs élue socialiste à Morières-les-Avignon), « l’action du maire s’est portée sur la transformation du quartier. Et ce dans un contexte de baisses de dotations de l’Etat, après 20 ans de gestion de la droite et sans majorité à l’agglomération… » Avant de nuancer : « Il a manqué un projet global, de souffle et de coopération avec différentes institutions. » Mike Wright a lui été directeur du centre social de la Croix des Oiseaux jusqu’en 2017: « Cette baisse de financement aurait pu être anecdotique en établissant un partenariat avec des gens qui parlent la même langue. On s’est retrouvé avec une municipalité qui ne savait pas ce qu’est l’éducation populaire et qui pensait savoir faire mieux que les acteurs comme nous. Il y a eu un gros problème de confiance et de dialogue. C’est une erreur et la ville mettra du temps à s’en remettre. »
Au cours du mandat, plusieurs membres de la majorité bien implantés dans ces quartiers ont démissionné, comme Darida Belaidi, ancienne première adjointe au logement. « Je ne veux pas tirer sur l’ambulance, rien n’a été fait depuis 20 ans. Un rejet global s’est installé envers tous les politiques. À Avignon, l’élection se fait sur l’extra-muros, il y a plus d’habitants. Ce que je crains, c’est l’abstention et que cela fasse grimper le RN. » Qui lui, attend patiemment.