Municipales : une fin de campagne «13 » tendue !
Comme nous le souffle un candidat, « c’est une campagne hors-norme ! Un mois pour l’entre-deux-tours ! Les gens sont épuisés. Mais tout le monde finit par y croire… » Est-ce pour ça que, parfois, les esprits s’échauffent ? Et il n’y a pas qu’à Marseille où cela se tend. Ainsi, à Cabriès, où le maire sortant (DVD) Hervé Fabre-Aubrespy s’est vu ravir la première place, le co-référent du groupe local pour les Bouches-du-Rhône de l’association de lutte contre la corruption Anticor a vu, au-delà des menaces, son véhicule dégradé (pneus crevés, camionnette tagguée).
Mais ce n’est rien à côté de ce qui se passe à Trets où, là aussi, le maire sortant (DVD), Jean-Claude Féraud, n’est pas arrivé en très bonne position puisqu’il est bon dernier (29, 35 %). D’aucuns s’interrogent, localement, sur le poids électoral du club de sport US Trets, qui récemment a reçu une subvention de près de 29 000 euros et se voit, sur les réseaux sociaux comme sur le site de la mairie, systématiquement associé au maire pour la distribution de masques, de colis alimentaires mais aussi, pour Pâques, de ballotins de chocolat.
La police appelée en renfort
En parallèle, en attestent plusieurs lettres anonymes adressées à Anticor, un climat délétère semble régner à la veille des élections : menaces, pressions… Au point que la justice comme la préfecture ont été alertées, avec demande de renfort devant les huit bureaux de vote. Un peu comme ce que demande notre confrère Philippe Pujol à Marseille !
Ailleurs, certains s’interrogent sur le rôle de la police. Prenez Allauch, la ville de feu Roland Povinelli. Là encore, la sérénité est loin d’être de mise. À la surprise générale, la candidate LR Monique Robineau a pris la tête de la liste du maire sortant (historiquement de gauche) tandis que Lionel Moisy de Cala, un autre candidat LR (soutenu par des figures de la macronie) pourrait voir sa candidature faire l’objet de recours puisqu’il travaille encore au Conseil régional. Avec, en embuscade, le candidat du RN (et patron de la fédération départementale du parti d’extrême droite) Laurent Jacobelli.
Le 21 juin, pour la fête de la musique, ce dernier a voulu organiser un mini-concert : « On avait tout préparé avec un bar du centre-ville, en faisant attention aux questions de distance et à ce qu’il n’y ait pas trop de monde, affirme Laurent Jacobelli. J’avais prévenu la police municipale et même interrogé la police nationale de Plan-de-Cuques. Et, alors que tout se passait bien, on a vu débarquer cinq voitures de police d’où ont surgi agents avec flash-ball et gilets pare-balles ! »
Fichier suspect
De quoi renforcer les interrogations sur les relations entre la municipalité et la police. Ainsi, en attestent les fichiers que le Ravi – avec nos confrères du média local Regard sur l’information – a pu consulter, la mairie d’Allauch est en possession d’un fichier qui, depuis des années, recense les habitants victimes d’agressions, de cambriolages, d’atteinte à leur véhicule… Des « informations venant de la police nationale » mais frappées du tampon de la mairie avec adresse, numéro de téléphone et une colonne indiquant « date de rencontre ».
Comme nous le dit une dame victime d’une tentative de cambriolage que nous avons prise au hasard dans ce fichier, après avoir fait une « main courante », elle a bel et bien été « contactée par la police municipale » puis a reçu « une lettre de la mairie ». Une lettre où le maire, feu Roland Povinelli, dit sa peine et assure que sa police municipale va « vous rendre visite ». Ce ne sera pas le cas pour le candidat de la liste de gauche Gérard Cazorla, qui a vu, lui, son véhicule dégradé cette année mais n’a été contacté ni par la police municipale ni par la mairie.
Un fichier qui, sans même parler de son utilisation, par sa précision surprend autant le sociologue spécialiste des questions de sécurité Laurent Mucchielli qu’un commissaire à la retraite ou un syndicaliste policier. Qui nous confirme : « Oui, il arrive que des informations circulent. Mais on est souvent à la limite de la légalité. » Contactée, Monique Robineau, à qui les documents ont été soumis, dit ne pas en avoir eu connaissance. Elle n’en réfute pas moins le terme de « fichier » et parle de « manœuvre électorale », expliquant en substance qu’à l’hôtel de ville, « tout le monde a accès au tampon de la mairie ». Même tonalité de la première adjointe Hélène Abert qui joue les maires par intérim. Ça va peut-être devenir un classique en période électorale mais, que fait la police ?!
(Enquête réalisée avec le concours du média local Regard sur l’information)