Rituel païen
Les municipales devraient être la grande fête de la démocratie locale. Le défilé aux vanités des grands barons, lestés de casseroles, qui rempilent, de mandat en mandat, à renfort de marketing électoral, de promesses éventées, de clientèles mobilisées et d’abstention résignée, évoque un mauvais carnaval. Les programmes sont souvent élaborés par des communicants, conçus pour, à peine lus, être aussitôt oubliés. Les tentatives d’ouvrir les possibles, avec des listes citoyennes, de nouvelles pratiques et de nouveaux visages, se heurtent aux logiques d’appareil, aux ambitions personnelles, au conformisme.
Et le sentiment, nourri par les sondages, que les jeux de ce rituel païen sont faits d’avance n’encourage pas les électeurs ! En Provence-Alpes-Côte d’Azur nous pouvons ainsi déjà annoncer les tendances du scrutin 2020 : dans les grandes villes, l’écrasante majorité des maires de la région seront à nouveau de droite et affiliés aux Républicains. Le RN caracolera en tête au premier tour mais l’extrême droite peinera à conquérir de nouvelles communes. Les femmes, celles et ceux issus de l’immigration, les ouvriers, les travailleurs précaires, n’accéderont pas, ou peu, aux responsabilités…
Pourtant, derrière les faux-semblants il y a de vrais enjeux. Les maires ont des pouvoirs qui sont l’affaire de tous. La multiplicité des listes, parfois exaspérante, ouvre de vrais choix. Rien n’est jamais totalement joué et des opposants vigilants sont, partout, toujours utiles. « Le vote est le plus bas niveau de l’engagement » souligne Alain Damasio, l’écrivain de science-fiction installé en Provence. En ajoutant : « Mais il ne faut pas l’exclure, sans illusion. » Et sans surtout s’interdire de brocarder les pères et mères Ubu qui, aussitôt élus, s’empresseraient de faire de la »merdre« …