Des municipales sous assistance respiratoire

Abstention piège à Co…vid-19 !
C’est la covinavirus touch ! Jamais sous la Vème République, l’abstention lors d’une municipale n’avait atteint pareil niveau. Seulement 44,4 % des inscrits se sont exprimés le 15 mars dernier au premier tour. Ils étaient 64% en 2014. Soit une chute de 20 points. Parmi les 42 villes de plus de 100 000 habitants, Paca se distingue dans le top 10 du palmarès national de l’abstention : Nice y occupe la première place avec 29 % de participation (- 26 points). Le 6ème secteur (11 & 12ème arrondissements) de Marseille arrive en 3ème position : 32 % (- 25). Le 5ème secteur (9 & 10) pointe au 5ème rang : 31 % (- 24). Aix-en-Provence est 6ème : 35 % (- 23). Toulon est 9ème : 31 % (- 22). Marseille, tous secteurs confondus, est 14ème avec 32,76 % (- 21) [Paris, 42 % (- 14). Lyon, 39 % (- 17)].
Marseille l’inattendue
Surprise dans la deuxième ville de France ! L’écologiste, Michèle Rubirola, à la tête du Printemps marseillais, liste rassemblant des élus et militants issus de partis de gauche (PS, PCF, LFI…), des écologistes et des citoyens, mène la course (23,44 %) distançant Martine Vassal (LR), l’héritière de Jean-Claude Gaudin (22,32 %). Annoncé en tête, Stéphane Ravier (RN) doit se contenter de la 3ème place (19,45 %). Bien sûr avec plus de 67 % d’abstention les résultats sont relatifs, surtout dans une ville où l’élection du maire se joue dans huit secteurs, rien n’est joué ! Martine Vassal parviendra-t-elle à se rabibocher avec Bruno Gilles (ex-LR, 10,65 %) ? Yvon Berland (LREM, 7,88 %) ralliera-t-il Vassal « pour faire barrage aux extrêmes » ? Avec qui Samia Ghali (ex-PS, 6,47 %) monnayera-t-elle son soutien ? La coalition électorale du Printemps marseillais, désormais soutenue par Sébastien Barles (EELV, 8,94 %), va-t-elle transformer l’essai au second tour ? L’extrême droite et Stéphane Ravier vont-ils se refaire une santé auprès des abstentionnistes ? Une seule certitude : tout est plus que jamais possible…
LR a la peau dure
Bien plus fiable qu’Opinion way, le Ravi vous l’avait annoncé ! LR et la droite « Républicaine » mènent une fois de plus en tête la course en Paca. L’enquête brûlot du Monde Diplomatique sur le système Falco n’a pas empêché les Toulonnais de réélire Hubert, 72 ans, avec 61,4 %, écrasant le RN (15 %) et Toulon en commun, qui fédérait pourtant écologistes, gauche et citoyens (9 %). La liste est longue des poids lourds LR réélus dès le premier tour : David Lisnard (88 %) à Cannes (06), Jean Leonetti (52,89 %) à Antibes (06), Roger Didier (54 %) à Gap (05), Daniel Spagnou (57 %) à Sisteron (04), Nicolas Isnard (69,27 %) à Salon-de-Provence (13), Didier Brémond (79,08 %) à Brignoles (83), Jérome Viaux (52,41 %) à Grasse (06).
De nombreux autres sont en ballottage très favorable. Au premier rang desquels à Nice, Christian Estrosi avec 47,6 %, très loin devant l’extrême-droite (Philippe Vardon, RN, 16,70 %), le candidat écologiste « ni droite, ni gauche » (Jean-Marc Governatori, soutenu par EELV, 11,30 %). La liste Viva ! (gauche, écologistes, citoyens) donnée gagnante par notre vrai-faux sondage a plafonné à 8,9 %…
L’affront Républicain
Les municipales de 2014 étaient marquées par la conquête par l’extrême droite (FN) de six nouvelles villes en Paca, s’ajoutant à Orange et Bollène (Ligue du Sud). En 2020, à mi-étape, les performances du RN sont contrastées. A Fréjus (83), David Rachline, est réélu avec 50,61% malgré la dissidence de son ancien premier adjoint, Richard Sert (7,65 %) ! Même performance à Le Pontet (84) avec la réélection de Joris Hébrard (57,21%) et à Camaret-sur-Aigues (84) avec celle de Philippe de Beauregard (70,22 %). A Cogolin (83), le sortant ex-RN Marc-Etienne Lansade frôle la réélection avec 47,60 %. A Orange (84), Jacques Bompard, co-fondateur du FN, affiche 47,56 % malgré la concurrence du RN (13,42 %).
Mais à Bollène (04), Marie-Claude Bompard (44,74 %), l’épouse de Jacques, est talonnée par le divers gauche Antony Zilio (44,68 %) alors qu’un candidat PCF obtient 10,58 % avec un taux de participation de 47 %. A Le Luc (83), Pascal Verrelle (37,96 %) est distancé par le divers droite Dominique Lain (43,94 %). De plus, le RN ne semble pas en mesure de conquérir de nouvelles villes en Paca. A Marseille, Stéphane Ravier (33,49 %) pourrait se retrouver en duel face à David Galtier (RN) si le désistement des candidats de gauche dans le 7ème secteur (13/14) se confirme. Mais le choix de se saborder au nom d’un front républicain, actuellement débattu au Printemps marseillais, n’est pas acquis. Tout reste ouvert jusqu’au dépôt des listes le 2 juin. Le RN espère, lors du deuxième tour, mobiliser cette fois ci à plein ses électeurs. Et l’extrême droite a toujours les moyens de lorgner sur les 5ème (9/10) et 6ème (11/12) secteurs.
Une gauche très plurielle
Le macronisme, dont les candidats cumulent presque partout en Paca les contre-performances, et le coronavirus n’ont pas encore eu totalement la peau du PS. A Avignon (84), la sortante Cécile Helle arrive en tête (34,47 %) bien devant Anne-Sophie Rigault du RN (21,53 %), Jean-Pierre Cervantès d’EELV (15,56 %) et Michel Bissière de LR (11,45 %). Le marcheur Tacchino (6,63 %) et Farid Faryssy pour une liste citoyenne conduite par LFI (5,37 %) ne peuvent pas se maintenir. Un ballotage qui s’annonçait donc favorable, donc, mais nécessitant un complexe report de voix. Sans parler de l’inconnue des 66 % d’abstention !
Dans les Bouches-du-Rhône, où il fut hégémonique, les derniers bastions du PS sont réduits à peau de chagrin mais tiennent : Loïc Gachon est réélu (50,72 %) à Vitrolles. De même que Jean Hestch (58,49 %) à Fos-sur-Mer, Frédéric Vigouroux (66 %) à Miramas, Mario Martinet (57,87 %) à Berre-l’Etang, Jean-David Ciot (57 %) au Puy-Sainte-Réparade…
La France Insoumise, le plus souvent absente sous ses propres couleurs, dispersée dans une multitude de listes « citoyennes » et/ou d’union des gauches, ne perce nulle part. A l’inverse, dans les Bouches-du-Rhône, le drapeau rouge du communisme municipal est encore brandi à Martigues avec la réélection de Gaby Charroux (60,93 %), à Septèmes-les-Vallons avec celle d’André Molinot (80,54 %) et au Rove avec celle de Georges Rosso (79,24 %). Respectivement âgés de 77, 73 et 90 ans. Là où les sortants n’étaient pas candidats, c’est plus contrasté. Gardanne devrait rester à gauche mais le match entre Claude Jorda (23,78 %), investi par le PCF, et le dissident ex-communiste Jean-Marc La Piana (22,84 %) s’annonce serré. Quand à Arles (voir plus bas)…
La prime aux sortants
Coursé par le Parquet national financier, François Bernardini (le « très-très » divers gauche) rempile (54,80 %) à Istres (13) avec un taux de participation relativement honorable (50,98 %). Comme les divers droite Eric le Disès (70,44 %) à Marignane (13), Richard Stambio (53,54 %) à Draguignan (83), ou le divers gauche Martial Alvarès à Port-Saint-Louis-du-Rhône (13) avec 62,86 %. La contre-performance le 15 mars de l’indéboulonnable (78 ans, 40 ans de mandat) Roland Povinelli (ex-PS, 24,27 %) en faveur de Lionel de Cala (divers droite, 31,88 %) à Allauch (13) était d’autant plus remarquable : Le décès suite à crise cardiaque, en mai, du maire sortant ouvre à son challenger une voie royale…
Ça tangue, ça secoue et ça bascule ?
Il n’y a pas qu’à Marseille où les sortants sont secoués et où, en juin, il pourrait y avoir une « bascule ». A Arles (13), où le maire PCF ne se représentait pas, les jeux sont très ouverts. Patrick – vu à la TV – de Carolis (centre droit) pointe en tête (26,41%), devant Nicolas Koukas (PCF). Derrière eux, Cyril Juglaret (LR, 15,32 %) et David Grzyb (ex-PS, 10,30 %) et pas moins de six autres listes…
Autre ville tangente : Aix-en-Provence (13). La Balkany provençale, Maryse Joissains (LR), condamnée pour détournement de fonds publics, s’accroche encore. Elle est en tête avec 30,29 % mais suivie par Anne-Laurence Petel (LREM, 20,46 %), Marc Pena (union des gauches, 15,88 %) et six autres listes sous le seuil des 10 %. Le jeu complexe des alliances reste ouvert. Et, surtout, que vont faire les abstentionnistes (64 %) ?
Dans le Var, la Seyne-sur-Mer, la dernière grande ville gérée par la gauche, est dans l’expectative. Avec 36 % de participation, Mac Vuillemot (ex-PS), le maire sortant, est tout juste en tête (23 %), suivi de près par Nathalie Bicais de LR (21,82 %), trois listes (RN, divers gauche, divers droite) au dessus du seuil des 10 % et trois autres en deçà. Avec seulement 36 % de participation tout reste possible…
Dans le « 13 », le sortant Gérard Gazay LR est en tête (35,25 %) à Aubagne mais talonné par Marie Giovannangeli (PCF, union des gauches, 24,11 %). Sa réélection s’annonçait incertaine avec le RN pouvant se maintenir (Joëlle Mélin, 10,45%) tout comme Sylvia Barthelemy (centre,11,76%) et des réserves de voix à gauche et chez les écologistes.
Dans les Hautes-Alpes, à Briançon, Gérard Fromm (divers gauche), le maire sortant, est distancé par Arnaud Murgia (LR, 37,38) en raison de la dissidence d’Aurélie Poyau (18.62 %), ex-première adjointe de Fromm à la tête d’une liste « citoyenne ». Romain Gryzka (divers droite, 19,03 %) jouera les arbitres…
Dans les Alpes-de-Haute-Provence, l’issue du scrutin s’annonçe incertaine à Manosque avec 5 listes au dessus des 10% et Patrick Garnon (EELV et union des gauches, 22,16 %) ex-aequo avec Camille Galtier (LR, 22,16 %) suivi de très près par le RN (21,99 %). A Digne-les-Bains, la maire sortante Patricia Granet-Brunello (divers droite) devait mener la course (27,27%) dans une quadrangulaire complexe… Quant à Forcalquier, David Géhant (LR, 42,09%), Dominique Rouanet (liste de gauche citoyenne, 41,83%) et Eric Lieutaud (divers droite, 16,08%) se disputent une succession incertaine de Christophe Castaner…
Article publié en avril et mis à jour le 22 mai 2020