L’effet Patrick « vu à la TV » de Carolis
A Arles, pour renifler les ambitions politiques, rien de mieux que les arènes un jour de Trophées des As, la finale du championnat de course camarguaise. Et le premier à sortir au micro, c’était lui : « En soutien aux éleveurs et aux manadiers, Patrick de Carolis, cinq euros de plus. » Celui qui habite à Arles depuis à peine un an après y avoir passé sa tendre enfance, qui est toujours directeur du Musée Marmottan à Paris, a été plus cité que tous les autres candidats réunis : Cyril Juglaret (LR), Nicolas Koukas (PCF), David Grzyb (sans étiquette ex-PS) ou Monica Michel, députée LREM.
Il faut dire que Patrick de Carolis a mis les moyens ce jour-là. Deux cents euros pour sa propagande de campagne aux arènes quand les autres candidats ont plafonné à cinquante euros, « comme le veut l’usage », explique Nicolas Koukas. « D’habitude, la présidence de la course nous met tous à égalité, mais là ce n’était pas fair-play », déplore-t-il. Pourtant, tous les candidats devront néanmoins respecter le plafond de dépenses jusqu’au premier tour de 58 162 euros pour la commune d’Arles.
Et ils sont nombreux sur la ligne de départ. A gauche, Nicolas Koukas, membre du parti communiste et de l’équipe sortante, élu depuis 2001 n’a pas réussi à créer une liste d’union large à gauche. « La politique issue de ses mandats n’a de communiste que le nom », commente Guy Dubost, prochain candidat pour Lutte ouvrière. « Il regarde vers le centre plutôt que vers la gauche », regrette Bruno Leclerc du NPA, parti qui se donne jusqu’à décembre pour décider s’il y va ou pas et pourrait faire liste commune avec le collectif écolo-citoyen Changeons d’avenir ainsi que les Insoumis.
Les anciens et les nouveaux
De son côté, l’ancien socialiste David Grzyb, vice-président de la communauté d’agglomération, celui qui a toujours passé son tour pour faire barrage au FN, ne reculera pas cette fois-ci. Sa porte reste ouverte à Nicolas Koukas mais seulement si ce dernier se range derrière lui au premier tour. Hypothèse improbable au vu des échanges des deux hommes en conseil municipal.
Jusqu’à quatre listes pourraient donc diviser l’électorat de gauche. Pourtant, le risque d’une défaite est là. Selon des calculs basés sur les dernières élections, il faudra pour se maintenir trouver environ 2300 voix (10 % des suffrages exprimés, 23 085 sur 37 619 inscrits en 2014). Dans la bataille, certains y laisseront des plumes. Le PS de Nora Mebareck, première secrétaire départementale, députée européenne et conseillère municipale a anticipé et va se ranger derrière Nicolas Koukas.
A droite, Cyril Juglaret, le chef de l’opposition municipale, membre des Républicains fera lui aussi face à des nouveaux impétrants : la marcheuse Monica Michel et donc Patrick de Carolis l’ancien président de France télévisions nommé sous Jacques Chirac (l’une et l’autre se définissent ni de droite, ni de gauche, Ndlr). De Carolis a récupéré des électrons libres de l’opposition municipale. Notamment le très droitier Eric Souque qui fut secrétaire du Front national en 1992 et candidat d’une liste villiériste en 1995. « Je suis un libéral, donc pour la concurrence, pour que les Arlésiens aient le choix », commente Cyril Juglaret.
A l’extrême droite, le RN peut compter sur sa notoriété et sa popularité. Sans faire campagne ni présenter une liste solide, en 2014, ils avaient récolté 24,34 % des voix au premier tour, juste devant la droite républicaine. Une fois de plus, le RN peine à trouver une tête de liste crédible. L’annonce du candidat a déjà été repoussée deux fois.
Pendant ce temps, Patrick « vu à la télé » de Carolis monte en puissance. Il a fait salle comble début octobre pour son premier grand meeting à la salle des fêtes. Sur la scène, à ses côtés, un autre arlésien qui »a réussi » : Djibril Cissé. A Arles, c’est promis, Patrick se présente comme un homme nouveau : « ma carrière est derrière moi ». A la tribune, l’ancien PDG de France Télévisions condamné pour favoritisme dans l’affaire Bygmalion promet « de sortir du système actuel, fondé sur le clientélisme ». Micro à la main, il s’engage « à tout faire sans relâche pour faire gagner les Arlésiens, c’est par le haut que nous gagnerons ». Et de poser sur son Facebook avec Chico des Gipsy King. L’image à Arles, tout un programme…