Welcome au Far W'« Istres » !
Non loin de la mairie, une œuvre de Ben : « Être soi-même ». Et, à Istres, le maire très divers François Bernardini voit les choses en grand. Derrière son hôtel de ville à 30 millions d’euros, sa collection de dinosaures, « Dinosaur’Istres », vient encore de s’agrandir. La « nouvelle star, dixit le guide, c’est Spinosaurus ». Littéralement « lézard épineux ».
Des dossiers épineux, en atteste l’enquête « toujours en cours » du Parquet national financier, ça ne manque pas. Dans la ville où « la dette par habitant a le plus augmenté entre 2007 et 2017 », ces nouvelles bestioles ont fait grincer des dents. Mais, cet été, l’épine dans le pied du maire n’est ni préhistorique ni en plastique. Ce qui fait jaser, ce n’est pas le T-Rex mais le Rex. Un immeuble, déjà évoqué par la Chambre régionale des comptes auquel s’intéresserait, à en croire Marsactu, le PNF du fait de l’implication du maire et de son entourage. Un dossier pour lequel il a confié sa défense à Michel Pezet, qui s’occupe aussi de la directrice de cabinet et de sa fameuse villa.
Atmosphère pesante
Ici, l’urbanisme est au cœur de toutes les polémiques. Comme autour de l’étang de l’Olivier. Depuis des années, un couple propriétaire d’une maison sur les hauteurs bataille avec ses voisins. Parmi lesquels on trouve un cadre de Sam, la boîte de Philippe Cambon, l’entrepreneur istréen bien connu. Mais surprise du couple en découvrant en 2013 que la SCI « St-Jean » à laquelle est accordée un permis est celle du directeur général des services ! Depuis, le permis a changé de main. Et le maire, flanqué de son DGS, de répéter lors du conseil municipal de juin 2015 pour justifier de l’implication de la mairie dans les procédures : « Je ne connais pas personnellement ces personnes, je me sens donc sans gêne pour pousser ce dossier. »
Dans cette ville où les auditions sont presque devenues banales, celle, à l’orée de l’été, de Philippe Colonna, suite aux interrogations de la CRC qui se demandait comment il arrivait à se partager entre la mairie et le « salon du vin de Marseille », a marqué. Cet « exercice très pénible », comme il le qualifie lui-même a en effet duré « plusieurs heures ». Et que dire lorsque, semble-t-il, se seraient vus interroger, un jour férié, des élus non istréens ?! « Je ne confirme ni n’infirme quoi que ce soit », proteste l’un d’eux.
Atmosphère pesante. Lors du dernier conseil municipal, le RN demande au maire de « présenter sa démission. Un ministre l’a fait, pourquoi pas un maire ? » Figure locale du Front, Grégory Gabanou ne le cache pas : « On compte sur le travail de la justice. Cela sert nos intérêts. L’impopularité du maire ne fait que nous renforcer. » Qu’importe si le RN est tout sauf rassemblé, la ville est clairement ciblée : « On est en tête dans tous les bureaux. Même dans les quartiers. »
Pas question pour le jeune opposant LR Robin Prétot de « tout miser » sur ces affaires : « Le climat est détestable, délétère. Mais on est là pour construire. » Avec toutefois quelques incertitudes quant à l’investiture de son parti. Car, non content de grenouiller du côté de la macronie tout en ayant soutenu le PC à Martigues, Bernardini fait partie des « amis » de Martine Vassal et de son prédécesseur, Jean-Claude Gaudin.
D’ailleurs, en voyant « Flying Whales » – un projet d’usine de fabrication de dirigeables – s’installer à Toulouse plutôt que du côté de son « pôle aéronautique », Bernardini a fustigé « l’apathie » du président de la Région, Renaud Muselier. Réplique cinglante de l’ex-dauphin de Gaudin qui, lui, dénonce l’« inefficacité » du maire « dans le montage d’un dossier compliqué ».
La carte verte
À l’approche des municipales, ça tiraille. Mais, jusque-là, seul Yves Reverte, l’élu au personnel, a démissionné de la majorité. Toutefois, que l’adjoint Olivier Mayor perde sa délégation à la « sécurité » a fait causer. Et d’expliquer par voie de presse : « C’est moi qui l’ai demandé ! » Sur Facebook, il lance, énigmatique : « Nous arrivons au terme du mandat. Je vous informerai de ma position en fonction des événements. » Ce « radical » briguerait-il quelque soutien de LREM ? Voilà qui ne ferait pas les affaires du marcheur local – et directeur des sports à Istres – Thierry Blanc qui, lorsqu’on le rencontre, cache mal ses ambitions. Le référent d’En Marche pour le « 13 », Bertrand Mas-Fraissinet, siffle la fin de la récré : « Nous n’avons reçu aucune demande de M. Mayor. Nous sommes très attentifs à ce qui se passe à Istres. Et on ne donnera pas la moindre caution à des personnes condamnées. »
En tout cas, pas question, à la veille des municipales, de se mettre au vert. Ou plutôt si ! Comme l’ancien maire (PS) Michel Caillat sorti du bois avec un visuel « EELV » en disant avoir trouvé là un « partenaire de confiance » dans une « ville livrée à un bétonnage envahissant » où, écrit-il, « tout est à faire ». Or, d’après le responsable régional Guy Bénarroche, aurait également demandé à adhérer, outre un sympathisant LR, l’élu à l’environnement, Yves Garcia ! Bénarroche prévient : « Hors de question d’apporter quelque soutien à la majorité sortante. »
La ville vient pourtant de se payer une campagne clamant : « Istres s’engage en faveur de l’environnement ». Et Bernardini, dans La Provence, de tonner que l’écologie « n’est ni la priorité ni la propriété des écologistes » : « Cela ne peut pas être non plus l’apanage d’un parti car, pour moi, un parti, ça va, ça vient ; ça monte, ça descend. Obligatoirement, ça fragilise. Nous, nous devons tout englober. » En vert et contre tout ?
N. B. Personne de la mairie n’a souhaité répondre au Ravi