Une campagne qui sent le soufre à Vitrolles
Comme l’ancien maire socialiste Jean-Jacques Anglade, le signe de reconnaissance de Bruno Morosini, c’est une écharpe. Mais la sienne est jaune. Et s’il a été lui aussi au PS puis soutien du député LR Eric Diard, il se dit désormais « sans étiquette ». Et regarde presque blasé la campagne sur Vitrolles (13) : « Vous savez, du temps de Jean-Pierre Stribois ou des Mégret (maires d’extrême droite, FN puis MNR de 1997 à 2002, Ndlr), c’était beaucoup plus hard… »
Il n’empêche, l’entourage du maire sortant et à nouveau candidat, le socialiste Loïc Gachon, ne cache pas sa fatigue. Dernier épisode en date ? Un vrai-faux tract intitulé : « Bas les masques. Ne gâchons plus Vitrolles. L’heure de la vérité est venue. » Et de cibler la famille du maire et les intérêts qu’ils auraient. Laïla Attaf, qui s’occupe de la campagne du maire, confirme : « On a porté plainte pour diffamation et attaqué aussi M. Morisini puisqu’il diffuse ce tract sur sa page Facebook et a refusé de le retirer. »
Mais l’actualité la plus brûlante à quelques jours du premier tour, ce 15 mars, c’est la procédure qui vise le candidat du RN, Philippe Sanchez, dont la domiciliation sur Vitrolles et donc la possibilité de se présenter a été remise en cause. Si le secrétaire de la fédération des Bouches-du-Rhône, Laurent Jacobelli, semble à peine au courant, le candidat frontiste (qui, aux municipales en 2014, s’était présenté aux Pennes-Mirabeau), assure qu’il n’y a pas de problème : « Je suis domicilié à Vitrolles depuis octobre 2019 et j’y paye mes impôts. Même si je suis rayé des listes électorales, j’y reste éligible. » Le tribunal de proximité de Martigues vient de lui donner raison, déboutant les demandeurs -l’ancienne directrice de campagne de M. Sanchez et un proche du candidat Alain Arezki- de leur demande de radiation de la liste électorale du candidat frontiste.
Pas de réaction en particulier de M. Gachon : « La décision du tribunal est logique et nous n’avons pas attaqué l’inscription de M. Sanchez que nous avons nous-mêmes validé. En revanche, je ne peux que condamner le tract qui a été diffusé. Un tract anonyme mais qui, de surcroît, s’en prend à ma famille. Ce sont des méthodes inacceptables et qui ne peuvent que servir l’extrême droite. Et je n’oublie pas que si je me suis engagé en politique, c’est pour la combattre. »
Une situation que Marcel Ydé, figure historique du FN à Vitrolles, suit toujours attentivement, même s’il a quitté depuis quelque temps la ville. Et de déplorer une « ambiance d’amateurisme, quelque soit le bord, qui fait que les propositions des candidats sont inaudibles ». Là encore, c’est sur les réseaux sociaux que ça bouillonne.
Et un certain « Loup blanc » de se plaindre d’avoir été refoulé de la réunion publique de Bruno Morosini, vendredi 6 mars, alors que celui-ci, à en croire un article de La Provence, aurait eu besoin de monde pour occuper la salle. Derrière ce pseudo, on trouve Julien Blanc, qui était « porte-drapeau » lors de la dernière cérémonie du 11 novembre.
Et qui, après avoir joué les colleurs d’affiche pour Philippe Sanchez il y a quelques années, s’est retrouvé dans l’équipe de Bruno Morosini.
« Julien Blanc, c’est tout un programme !, reconnait Morosini. Il devait être sur ma liste mais ce n’est plus le cas. C’était un jeune qui était dans la mouvance néo-nazi. » Contacté, le jeune homme nous confirme s’être rapproché de Bruno Morosini et dit qu’il considère Philippe Sanchez comme « un ami parce qu’il m’a trouvé du boulot il y a quelques années ».
Mais désormais, poursuit Julien Blanc, « je ne fais plus de politique. J’ai été militant au FNJ et fait la campagne pour Marion Maréchal. Mais c’est fini ». Et de reconnaître du bout des lèvres avoir été proche de « Logan Nisin », ce militant d’extrême droite originaire de Vitrolles et arrêté puis incarcéré pour des projets d’attentat. Depuis, il utilise des termes peu amènes à son endroit.
Marcel Ydé connaît bien Julien Blanc : « C’était un jeune qui était sur la mauvaise pente mais qui est en train de remonter. »
En effet, si, sur un de ses anciens comptes, « Julien Wolf » (loup en allemand), on le voit en photo sur un article de La Provence tractant pour le FN aux Régionales à Aix-en-Provence et s’il échange avec le vieux frontiste,
d’autres « posts » sont d’une toute autre nature. Une affiche de propagande pour la Waffen SS
ou encore, pour les fêtes de fin d’année, une photo d’Adolf Hitler déguisé en Père Noël.
Pas de doute, à Vitrolles, la politique, c’est pas un cadeau !