Les législatives de A à Z
Abstention. Des pics à plus de 60 % dans certaines circonscriptions, l’un des meilleures résultats de France – 71,11 % dans les 15e et 16e arrondissements de Marseille, victoire de l’Insoumis Sébastien Delogu… Paca dépasse une nouvelle fois la moyenne nationale avec 55,8 % d’abstention au second tour des législatives.
Bagarry. Claquer la porte de la Rem pour la Nupes, tendance écolo, n’a pas suffit à Delphine Bagarry, la députée sortante de la première circonscription des Alpes-de-Haute-Provence. Elle aussi a été balayée par le panzer RN, Christian Girard, qui s’était pour la première fois imposé à la présidentielle dans le département.
Castaner. Dégommé comme un gilet jaune par un flashball. L’ancien ministre de l’Intérieur a été battu de moins de mille voix par Léo Walter, Insoumis et directeur d’école. Une claque que l’ancien socialiste ne peut même plus noyer à la buvette de l’Assemblée nationale.
Doyen. Comme en 1986, le doyen de la nouvelle Assemblée nationale, José Gonzalez, député des Bouches-du-Rhône, est RN. Et comme, il y a 36 ans, c’est en nostalgique de l’Algérie française qu’il a présidé la première séance de la nouvelle mandature. D’un Le Pen à l’autre, il y a toujours aussi peu de changement.
Estrosi. Grosse chute pour « Motodidacte », soutien affiché d’Emmanuel Macron depuis deux ans, tête de gondole régionale d’Horizons. Les troupes du maire ex-LR de Nice ont été laminées dans les Alpes-Maritimes, avec un seul député Ensemble ! Pire, la droite y sauve cinq de ses six élus.
Front républicain. De Dignes-les-Bains à Arles, les digues ont explosé un peu partout en Paca. La fin d’un front républicain qui s’illustre parfaitement à Marseille. Dans le « 13/14 », le silence assourdissant de la sortante Alexandra Louis a provoqué une multiplication des bulletins blancs. Et la défaite du candidat Insoumis.
Galanteries. Comme en 2017, les appels du pied d’Eric Ciotti à l’extrême-droite ont été récompensés. Eric Zemmour n’a pas mis d’adversaire dans les pattes du député de Nice et le RN lui a opposé une parfaite inconnue. Résultat, une large victoire. On attend le retour d’ascenseur.
Hautes-Alpes. Le « 05 » rescapé. La réélection de Pascale Boyer et Joël Giraud, ancien secrétaire d’État à la Ruralité, fait des Hautes-Alpes le seul département de Paca à ne pas donner la victoire au RN. Comme à la présidentielle.
IVG. La volonté d’Emmanuel Macron d’introduire le droit à l’avortement dans la constitution promet des étincelles au Parlement. Le RN compte dans ses rangs de farouches opposants parmi les nouveaux députés de Paca. A l’image de la Toulonnaise Laure Lavalette, soutien de la marche pour la vie.
Jeunesse. Avec 71 % au second tour des législatives, l’abstention reste le premier parti des 18-25 ans. Et à l’opposé de la propagande du RN, quand ils votent, ils votent encore massivement à gauche (42 % pour la Nupes). Presque deux fois plus que pour l’extrême-droite. La jeunesse emmerderait-elle encore un peu le Front national ?
Kamikaze. La fin d’une dynastie ? Ancien homme fort du RN dans les Bouches-du-Rhône, le sénateur Stéphane Ravier le reconnaît : depuis la présidentielle et les législatives, il n’est plus « dans le game » (Marsactu, 23/06). La faute à la tentation Zemmour, dont l’ancien maire des 13e et 14e arrondissements est un des soutiens inconditionnels. Mauvaise pioche.
Les Républicains. Avec presque 8 % en Paca, un poil mieux qu’au niveau national, LR sauve les meubles avec cinq élus. Si le parti a été éradiqué des Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse, l’ex UMP a résisté dans les Alpes-Maritimes, le fief des très droitiers Eric Ciotti et Michèle Tabarot, où il enregistre ses cinq députés. Une tendance pour l’avenir de la droite dite « républicaine » ?
Marseille. Avec trois députés de gauche (quartiers nord et centre ville), autant pour la majorité présidentielle (quartiers sud) et un fauteuil pour le RN (13/14), la seconde ville de France dit adieu à la droite mais est plus fracturée que jamais. Malgré la fin de 25 ans de « gaudinisme » ségrégationniste il y a deux ans, la fracture entre le nord et le sud de la ville est toujours bien présente.
Nupes. Même si elle a parfois léché les bords de certaines circonscriptions, la « vague » violette rêvées par Jean-Luc Mélenchon est finalement passée loin de Paca. Résultat, la nouvelle union populaire ne multiplie que par 2,5 son nombre de députés dans la région : quatre Insoumis et un communiste, trois dans les Bouches-du-Rhône et un dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Opportuniste. Spécialiste du retournement de veste, Stéphane Salord était de retour pour les législatives. Après avoir fricoté avec l’UMP, le Modem et même le PS, après avoir été consul honoraire des Comores, l’ancien adjoint de l’inénarrable Maryse Joissains à Aix-en-Provence candidatait sous les couleurs de la Nupes. Résultat : encore une veste !
Présidentielle. Les législatives confirment les résultats de la présidentielle en Paca, qui a vu Marine Le Pen emporter les deux tours, l’extrême droite frôle au premier tour les 40 % grâce aux 11,7 % d’Eric Zemmour. Seules les Hautes-Alpes échappent à la « bête immonde ». Comme partout en France, le front républicain y a aussi explosé.
Quartiers populaires. Avec des pics d’abstention à 80 % au premier tour des législatives, les quartiers populaires n’ont pas renouvelé leur mobilisation de la présidentielle. Alors que la Nouvelle union populaire en avait fait un enjeu, d’Avignon à Nice en passant par Marseille, cette démobilisation lui a coûté quelques députés.
Rassemblement national. Un député sur deux dans le « 04 », trois sur huit dans le « 06 », six sur seize dans le « 13 », quatre sur cinq dans le « 84 », sept sur huit dans le « 83 ». Bien que fanny dans le « 05 », le RN est avec 21 élus le premier parti de Paca. Et Paca la première région facho de France.
Sortants. 24 députés en 2017, 11 cette année. La majorité présidentielle a été la grande perdante de ces législatives. Mieux, Ensemble ! compte plus de nouveaux élus que de sortants, soit sept néo députés. Pire, certains ont même joué les boudeurs en refusant le front républicain. Au risque de faire élire des frontistes…
Tenu. Un « renvoi d’ascenseur ». Élu aux régionales grâce au désistement de la liste d’union de la gauche, à l’opposé des rancœurs de la macronie, Renaud Muselier a appelé à voter pour les candidats de gauche au second tour en cas de duel contre des candidats RN. Tous sauf les Insoumis, faut pas non plus pousser !
Usurpation. Ça n’a pas tardé. Le lendemain de son élection, Emmanuel Taché de la Pagerie, le nouveau député RN d’Arles, s’est fait épinglé par Le Monde (20/06). La raison : trois descendantes de cette noble famille l’accusent d’usurper leur particule. Un « simple non d’usage », balaye cet ancien du RPR. Ça fait tache…
Var. C’est ce qu’on appelle un grand remplacement. Cinq ans après leur élection, les six députés LREM du Var ont été balayés par le RN, qui loupe le grand chelem d’un élu (7 sur 8). Et ce malgré le soutien à Emmanuel macron du maire ex LR de Toulon, Hubert Falco, qui ne sauve que son premier adjoint, Yannick Chenevard. Cerné par la justice, le patron politique du Var perdrait-il la main ?
WTF. Niçois d’origine et conseiller municipal d’opposition à Nice, Jean-Marc Governatori (Cap Écologie, centre droit) a décidé de se présenter aux législatives à Brest. Son objectif : arriver dans les cinq premiers pour prouver son implantation nationale. Résultat : 6e avec 2,64 %. Les électeurs sont ingrats.
Xénophobe. Malgré l’embarras du choix, c’est Frédéric Boccaletti, porte-parole du groupe RN au Conseil régional, qui l’emporte dans la catégorie. Le nouveau député de la Seyne-sur-Mer à en effet un joli parcours : la gestion d’une librairie antisémite et négationniste à Toulon et une condamnation pour violence en réunion avec arme, avec insultes racistes. Encore un spécialiste.
Yoyo. Il a fallu attendre 22h30 le 19 juin à Sabrina Agressi-Roubache pour fêter son élection à l’Assemblée nationale. Donnée en ballottage, puis perdante, la conseillère régionale, proche du groupe Macron, l’emporte finalement de 500 voix sur son adversaire RN. Grâce à l’appel à faire barrage du candidat de la Nupes…
Zemmour. Pour Eric Zemmour, grand admirateur de Napoléon, cette première expérience électorale ressemble à Waterloo. Malgré ses 11 % à la présidentielle en Paca, 4 points de plus qu’au niveau national, il est resté à la porte du second tour des législatives dans le Var, devancé de quelques centaines de voix par le candidat… RN. L’humiliation de trop ?