En campagne à la « campagne »
Pendant que ça re-confine dans le « 06 », à Marseille, la France insoumise fait campagne… à la campagne ! Enfin presque. La « randonnée insoumise » démarre, ce 27 février, derrière l’hôpital Nord mais c’est déjà plus bucolique que la distribution, sept jours avant au sortir du métro, de tracts pour « Il est temps », agrégat d’associations, de syndicats et de partis en faveur de l’union de la gauche aux régionales.
Pour LFI, absent du Printemps marseillais et déjà dans les starting-blocks pour la présidentielle, les départementales et régionales font office de séances de rattrapage. Mais, avant de discuter avec les autres formations, le mouvement a commencé à désigner ses « chefs de file » : « des gens qui ont de l’expérience, décortique un cadre, mais aussi des personnes pour qui c’est une première. » Comme Axel Bruneau, un jeune enseignant qui « milite depuis l’âge de 17 ans » : « Je n’en rêve pas tous les matins en me rasant mais, à un moment, il faut franchir le pas. »
On le retrouve pour cette « randonnée insoumise » au pied du massif de l’Étoile afin de promouvoir « l’écolidarité », néologisme pour penser « fin du monde et fin de mois ». Les guides ? Les « chefs de file » du « 13 », Marina Mesure, secrétaire du groupe « insoumis » à Bruxelles et Bernard Borgialli, candidat aux dernières européennes et cheminot. Qui a bien failli se perdre : « Tu sais, moi, quand y a pas de rails… » Dans l’histoire, un jeune insoumis déguisé en paramilitaire a, lui, égaré les drapeaux ! Le seul à connaître le chemin, c’est Mohamed Bensaada, tête de liste d’Unir dans le 13/14 lors des municipales. Certains s’égareront. Un motard ironise : « Le jour de la révolution, j’espère qu’on aura un point GPS précis ! »
« L’écologie n’est pas réservée aux bobos »
Mais, pour ramasser des déchets, quoi de mieux que se balader au bord d’une décharge ? Le « centre de traitement des déchets » de Veolia. Entre engins de chantier, gabians et sacs plastique volant comme les autocollants LFI, les militants trompent leur ennui en faisant, à chaque étape, des photos de groupe. Pas tous : « Moi, j’vais pas sur la photo, j’suis pas candidat ! »
Arrivée au sommet, la troupe installe dans la garrigue une table pliante, une banderole, du gel hydro-alcoolique, des gants, des sacs poubelle… Pas question de chômer : nos insoumis se sont donnés pour mission de nettoyer la colline. « C’est de la sensibilisation. Une action concrète pour montrer, notamment dans les quartiers populaires, que l’écologie peut être populaire et pas réservée aux bobos », explique Mohamed.
Ce petit coin de nature bien souillée est le cadre idéal pour discuter… « cambouis ». Et donc élections : « L’action aujourd’hui permet de rendre concrètes nos propositions. Et c’est ce qu’il faut faire pour les régionales et les départementales, décortique Marina Mesure. Montrer que ces institutions touchent le quotidien des gens. Pour l’heure, la plupart ne savent même pas qu’il va y avoir une élection. Mais ce qui nous rassure, c’est que les gens ont à nouveau envie de parler de politique. Pour les départementales, ça ne va pas être simple. On veut d’abord s’entendre sur le programme avant de parler de l’incarnation. Et mettre les citoyens au centre. Or, avec les organisations plus anciennes ou celles qui veulent aller vite, ce n’est pas une bataille facile. »
Alors, à la FI, ça se hâte lentement. Sabine, institutrice et « chef de file dans le canton du Luc » veut bien « donner un coup de main pour la com’ ou la campagne », mais n’est « pas du tout candidate. Mon canton n’est pas une priorité pour LFI. Le centre Var, c’est soit LR, soit RN… » Après cette mise en bouche, l’heure de la rando – et de l’apéro – approche. Sous la banderole, entre deux arbres, les sacs poubelle s’alignent. De quoi rendre poète Bernard Borgialli : « Une poubelle se remplit, un insoumis s’éveille. » On prend congé.
Peu après, LFI publie la liste de ses chefs de file par canton. Parmi lesquels Axel Brunau. Que l’on retrouve à la Plaine, dans le 11ème canton, là où il se prépare – si jamais il était retenu – à affronter les sortants Solange Biaggi et Maurice Di Nocera. « Je suis prêt à prendre des coups mais j’espère qu’on pourra faire une campagne sur les idées », souligne-t-il en accordant sa première interview. Alors quelques notes à la main, une bière dans l’autre, ce jeune prof fustige les « tablettes » et les « portiques de sécurité » dans les collèges mais aussi défend « l’écologie populaire », entre béton, détritus et embryons d’arbres malingres censés remplacer ceux coupés. Le cadre idéal pour entrer en campagne !