Une élection peut en cacher une autre !
L’heure est grave. Sinon Michel Pezet, du PS, ne sortirait pas de sa réserve. Le Mouvement, le think-tank qu’il préside, a alerté la préfecture sur « l’absence de l’enjeu métropolitain dans la campagne ». Mais, comme l’explique son prédécesseur, Laurent Lhardit (candidat pour le Printemps marseillais dans le 1er secteur), « on a relancé la préfecture mais sans succès. À part sur le site de la ville de Marseille, personne ne parle de la métropole ! »
Car il n’y a pas que les municipales. Les élections communautaires ont lieu en même temps ! Avec, du côté d’Aix-Marseille, la désignation des élus à la métropole. Le socialiste n’est toutefois pas étonné : « Les municipales, élections de la proximité, écrasent tout. Et n’oublions pas que ce sont les mairies, qui, par délégation, organisent le scrutin. Mais je crois que cela tient surtout à la nature même de la métropole qui n’est toujours pas une collectivité et où les élus ne le sont pas au suffrage universel direct. Et ne parlons même pas de la répartition des compétences. »
Pour lui, « une campagne, ce n’est pas l’idéal pour aborder des sujets complexes. Mais surtout, du fait de leur rapport à la métropole, les élus n’ont aucun intérêt à mettre en avant une institution qui se résume pour eux à l’aide aux communes. Vous voulez une politique métropolitaine offensive de mobilité ? Ce sera autant en moins pour les communes ! Qui prendra ce risque ? »
Dans l’entourage de la maire LR d’Aix Maryse Joissains, porte-drapeau des anti, on déplore aussi cette absence dans le débat : « Sciences Po Aix vient d’organiser un débat avec deux tables rondes, une sur les municipales, l’autre sur la métropole. 80% des questions ont tourné autour des municipales. Pourtant, ce qui est sûr, c’est que le statu quo est impossible. On ne supporte plus l’hégémonie marseillaise ni la répartition des compétences. »
Mais, heureusement, souffle-t-il, avec la métropole « on se retrouve moins dans des logiques de partis que de territoires ». Ce que reconnaît sans peine… le frontiste de Vitrolles Philippe Sanchez ! « C’est important, vu les transferts de compétences, d’être à la métropole. Et, entre élus, on travaille main dans la main. Mais c’est comme en conseil municipal. 80 % des délibérations sont votées à l’unanimité. »
Ce consensus, on le retrouve dans d’autres « intercos », comme le confirme Richard Sert, l’ancien adjoint du maire frontiste de Fréjus David Rachline, qui se présente aujourd’hui contre lui : « Si, en 2014, il n’y avait pas forcément d’atomes crochus entre tous les élus, on a appris à travailler ensemble. Mais l’entente, c’est après les élections, pas avant. » Une référence à ce qui ressemble à un « pacte de non-agression » entre Fréjus et St-Raphaël, en atteste le peu d’envergure du candidat présenté par le RN. Si, dans Var-Matin, le maire de St-Raphaël dément, il reconnaît la nécessité d’entretenir des relations de « bon voisinage », notamment « au sein de la communauté d’agglomération ».
Le macroniste aixois Yves Delafon, membre de « la métropole des citoyens » lancée par le maire de la Roque d’Anthéron (13) fait grise mine. Et pas juste parce qu’il n’a pas obtenu de la députée LREM Anne-Laurence Petel une place pour devenir conseiller métropolitain : « Personne ne parle de la métropole parce que c’est le sujet qui fâche, avec, comme seul positionnement “pour ou contre”. Pourtant, vu les transferts de compétences – l’habitat, les transports… – ceux qui se battent pour être maire visent une fonction où ils n’ont plus la main sur rien. Et comme à la métropole, les élus, ce sont des maires, des adjoints, on n’est plus que dans du clientélisme. Une piscine par ci, un ravalement par là. C’est pour ça qu’il n’y a plus rien pour le reste et que rien ne bouge. »
Mireille Villion, de la liste Fuveau Verte et Solidaire, qui a organisé fin février un meeting avec Le Printemps marseillais, Aix en Partage, ou encore Miramas en partage, veut croire le contraire : « Les transports, les déchets, les pistes cyclables, c’est la métropole. On s’engage donc à agir ensemble pour peser sur ces dossiers. Ce sera ardu. Mais, chacun dans notre coin, on n’arrivera à rien. » De fait, d’Arles à Martigues en passant par Aix, la question métropolitaine n’est pas totalement absente. Mais reste toujours au second plan et épidermique. Encore que, note avec malice Lhardit, « avec Martine Vassal, à Marseille, la métropole, on la voit un peu partout » …