Probité, transparence : chiffrage impossible ?
« Et le plus corrompu est… » Imaginez-les bien alignés, suant à grosses gouttes à l’idée de recevoir une récompense comme seul en conçoit le Ravi. À creuser le sillon des turpitudes de nos chers élus et leurs petits arrangements avec la légalité, l’idée d’intégrer dans notre palmarès les critères de probité et de transparence nous a un temps effleuré. Et, à voir le Var arriver, cette année, en tête de notre classement des villes à fuir, on se dit que ces critères n’auraient pas forcément bouleversé le classement. Même si Aix-en-Provence, plutôt bien classée dans notre édition 2020 ou Marseille, située, dans le ventre mou, seraient sans doute remontées de quelques rangs…
Nous aurions aussi pu, comme l’association belge Transparencia, nous en tenir à la question de la transparence, de l’accessibilité des documents, ces activistes ayant été jusqu’à se substituer aux collectivités voire les attaquer en justice ! Mais quel critère prendre ? L’heure et le jour auxquels sont programmés les conseils municipaux ? La publicité des débats ? La captation vidéo des séances, leur enregistrement ? L’accessibilité des documents ? Le délai d’envoi par exemple des délibérations aux élus avant chaque conseil ? La mise en place d’une politique d’open-data et la capacité du citoyen-lambda à s’y retrouver ?
En tête : le conseil municipal en décembre à Istres (13) où les élus d’opposition se sont plaints d’un « additif » envoyé moins de cinq jours avant la séance. Un conseil qui, s’il est filmé et diffusé sur le site web de la ville, n’est pas accessible en « replay »… Soupir de Jean Sansone, le référent d’Anticor, l’association anti-corruption, pour les Bouches-du-Rhône : « C’est la même problématique partout. »
« Je n’ai pas le temps d’être diplomate »
Grimace de son homologue du Var, Jean Galli-Douani : « Je n’ai pas le temps d’être diplomate. Donc, quand je demande un document, j’ai un flingue pour appuyer ma requête. De toute manière, en général, c’est pour la forme. Le document, je l’ai déjà… » Alors, quand on le questionne sur ce qu’il pense d’intégrer les critères de probité et de transparence dans notre palmarès, il s’esclaffe : « Vous allez avoir du boulot ! »
Avant de se reprendre : « Mais je vais vous faciliter la tâche. On pourrait prendre comme critère celui des signalements au procureur faits par Anticor. » Et de citer La Seyne, Cavalaire, Lorgues, Sainte-Maxime… Au sujet de nos lauréats, il rétorque : « Patience, c’est pour le début de l’année. Et puis on n’est que six. On ne traite que 1 à 2 % de ce qui se passe. Si l’on voulait tout faire, il faudrait qu’on soit une cinquantaine. »
Dans le « 13 », Jean Sansone ne sait où donner de la tête : « On n’a pas beaucoup de recul ni traité assez de dossiers. Mais j’aurais du mal à choisir une ville. Parce que nous avons des dossiers qui remontent de partout. » Serait-ce lié, avec les élections, à la période ? Le duo assure que non, le Varois précisant même : « Cela amènerait même plutôt la justice à lever le pied, de crainte d’être accusée d’influer sur la campagne. »
En revanche, l’approche du scrutin remet au goût du jour la « charte » de l’association même si, dans le Var comme dans le « 13 », ce n’est pas la priorité de nos deux responsables : « D’abord parce que, contrairement à un contrat, elle n’est pas opposable, déplore Jean Sansone. Ensuite, parce que c’est loin de faire l’objet d’un véritable engouement. Pour l’heure, je n’ai qu’une vingtaine de demandes. Mais aucune émanant d’un élu en place. Que des candidats. D’ailleurs, une fois les élections passées, nous demanderons à rencontrer les nouveaux élus. Pour les sensibiliser aux questions d’éthique. Les autres, c’est déjà trop tard ! »
Pour l’occasion, Anticor vient de faire subir un lifting à sa charte puisque les candidats sont invités à se positionner sur des points précis : transparence, lutte contre la corruption, prévention des conflits d’intérêts, reconnaissance de l’opposition… Un engagement « à la carte » qui va permettre à l’association de mieux évaluer les manquements des uns et des autres.
Et de peser dans la campagne ? Une certitude : la question de l’éthique est tout sauf absente et se pose aussi à ceux qui la prônent. Alors qu’à Marseille, le think-tank «le Mouvement» du socialiste Laurent Lhardit vient de présenter son «plan» pour une «gouvernance éthique et la transparence», dans le « 06 », il n’y a plus qu’un référent Anticor, Jean-Valery Desens ne l’étant plus… parce qu’il est candidat à Mandelieu : « C’est par souci d’indépendance. Même si ce n’est pas l’envie qui m’en manque, je ne pourrais être porteur d’un signalement à l’encontre de mes adversaires. Après, cela fait des années que je suis élu. Quand j’ai fait des signalements à l’encontre de Christian Estrosi, on m’a accusé d’être favorable à Éric Ciotti. Et quand j’en ai fait contre ce dernier, on a dit que j’étais pro-Estrosi… »