Paris, un désert médiatique ?
Même si la capitale est aussi celle des médias, dans notre « tour de France » de la presse pas pareille, c’est dans l’arrière-pays niçois, aux assises de la PPP qu’on a trouvé deux représentants du tiers secteur médiatique francilien, Le chiffon et No-Go Zone.
« Pourquoi avoir créé Le Chiffon ? Parce qu’on a constaté que, contre toute évidence, la région parisienne est un désert journalistique, assène son directeur de publication Gary Libot. Il y a Le Parisien, des petits journaux de quartier, dans les Yvelines, un journal associatif, Le petit ZPL. Mais rien comme le Ravi. »
D’où ce trimestriel de 20 pages s’articulant autour d’« un dossier qui, en partant presque d’une anecdote, décortique par le menu un sujet. Par exemple, qu’est-ce que ça raconte, la disparition du ticket de métro ? » L’écriture est aussi soignée que la maquette. La diffusion est modeste – 750 exemplaires vendus à la criée et en librairie – mais « avec 12 millions d’habitants, note Gary, on a un vivier infini de lecteurs ! » Et, avec une rubrique intitulée « Mais qu’est-ce que c’est encore que cette merde ? », gageons que le pari du Chiffon est déjà atteint : « Faire couler Le Parisien d’ici 2030. »
D’autant que « le journal de Paname et sa banlieue » n’est pas sans lien avec une autre publication, dyonisienne elle, No-Go Zone, « magazine contradictoire et précis d’actualité locale ». Et pour cause ! « Il n’y a qu’un numéro par an, consacré à une zone que l’on peut traverser à pied en une heure. Notre conviction, c’est que chaque endroit concentre une multitude de sujets. Ce n’est pas que du journalisme puisqu’on s’inscrit aussi dans une littérature qui parle du réel, documentaire. Et, à la fiction institutionnelle, on vient opposer une autre fiction » nous dit Alix Rampazzo, coordinatrice des deux premiers numéros.
Soutenue par la fondation Un monde par tous et distribué essentiellement en librairie, ce magazine d’une centaine de pages vient combler « un vrai manque, souligne Alix. Je viens de la presse locale institutionnelle. Je travaillais dans un des rares journaux où les élus faisaient confiance aux journalistes. En clair, tout n’était pas contrôlé par le cabinet. Ce qui est de plus en plus rare, en témoigne la disparition du Journal de Saint-Denis. L’an dernier, on a organisé un débat, « La presse locale, entre indépendance et communication ». Et, de fait, je ne comprends pas la propension des élus à vouloir manipuler l’information. Au final, c’est presque une chance pour nous, médias indépendants, d’avoir des politiques aussi bêtes ! » Des propos qui résonnent dans notre belle région !