Un syndicat vraiment pas pareil !

Week-end studieux que le 1er de juin. La veille, pour la semaine de la Fédération de l’audiovisuel participatif, on est à la Belle de mai à Marseille pour discuter éducation aux médias et santé du secteur. Le lendemain, direction l’arrière pays-niçois pour les 2èmes assises de la presse libre, satirique et indépendante. Perché au milieu des oliviers et accueilli par Philémon du mensuel dubitatif Mouais, « ce petit coin de nature est le cadre idéal » pour causer non lessive ou félin mais… syndicat !
Pendant que ça discute « professionnalisation » sous le regard du sociologue Benjamin Ferron et de deux journalistes de la presse éco, nous voilà à causer d’une organisation pour fédérer les médias « pas pareils ». Car, jusque-là, les Rencontres des médias libres n’avaient débouché que sur de l’informel.
Et difficile parfois de se retrouver dans ce qui existe, d’aucuns notant par exemple la présence au Spiil (le Syndicat indépendant de la presse d’information en ligne) d’un titre comme l’Essor de la Gendarmerie, la feuille d’un ancien de Radio Courtoisie !
Pas question néanmoins de se substituer aux syndicats de journalistes qui, comme le SNJ-CGT, s’ouvrent au tiers secteur. Mais alors, un syndicat, oui, mais pour quoi ? « Pour qu’on soit reconnu. Notamment sur le terrain, en manif, dit-on chez Mouais. Mais aussi se distinguer. Pas question d’être mis dans le même sac que BFM ! »
D’où l’idée d’associer aussi les « lecteurs ». Mais avec une ligne claire : un syndicat, « c’est un outil de lutte et de revendication ». Donc de « solidarité ». Alors ça parle « échange », « mutualisation » et même « caisse commune ». Notamment en cas de « procès-bâillon ». Comme pour La Mule à Montpellier, visée par une procédure en diffamation. Ou Mouais, poursuivi, pour quelques commentaires sur le blog de l’ancien fondateur d’Anticor Jean-Christophe Picard, par l’écolo-libéral Jean-Marc Governatori !
Emmanuel Vire, du SNJ-CGT, regarde l’initiative avec bienveillance : « Qu’il y ait volonté de s’organiser, on ne peut qu’y être favorable. On a dans nos rangs une cinquantaine de journalistes de ces médias. » Après « ça ne va pas être une partie de plaisir. L’État veut réduire le nombre de branches, notamment dans la presse, et les conventions collectives. Avec l’idée, derrière, de rogner sur les droits ». Une question que le SPPP ne pourra ignorer : « Quand on veut structurer un secteur, il faut se pencher sur les règles qui le régissent. Et donc sur les droits des gens qui y travaillent. Sinon c’est la jungle. Regardez le Spiil. Certes, il s’est doté d’un « guide des bonnes pratiques ». Mais nulle part il est question de « grille salariale ». Après, on sait la précarité qui règne. »
Réaction de notre confrère de Marsactu, Julien Vinzent, par ailleurs vice-président du Spiil : « Définir une grille, c’est une question complexe. Par la diversité de nos médias comme par leur précarité. » Lui voit la création du Syndicat de la presse pas pareille, le SPPP, plutôt d’un bon œil car « il y a nombre d’objectifs que l’on partage. Regrouper les médias indépendants, contribuer à leur professionnalisation, répondre à leur demande et se faire entendre, notamment sur les aides à la presse ». Après, ajoute-t-il, « qu’une autre organisation se crée peut interroger. Peut-être n’avons nous pas réussi à nous faire entendre par certains. Et il est vrai que, si on est très attentif aux critères d’indépendance, on ne se penche pas sur la ligne éditoriale des titres que l’on accueille ». Lui voit moins le SPPP comme un concurrent que comme « un partenaire avec lequel on pourra établir des ponts. De fait, il semble qu’il y ait pas mal de titres de presse écrite au SPPP. Comme nous, à l’origine, c’est plutôt des médias numériques, on est complémentaire ». Et de préciser : « D’autant qu’au Spiil, on n’est pas opposé à la double appartenance ». Ça tombe bien, le Ravi est membre du Spiil. Et suit attentivement la naissance du SPPP !