Le retour de la souris de Moscovie
Encore une casquette pour Léo Purguette ? On ne parle pas de Purguette Investissements, une société liquidée en 2021 mais, pour le patron de La Marseillaise, le soutien symbolique du titre d’obédience communiste en faveur de la renaissance de Zibeline, journal culturel du Sud-Est dont la disparition en février avait provoqué quelque émoi.
Le communiqué sur le net était lapidaire… tout en laissant entrevoir qu’un retour était possible : « Nous sommes convaincu·es qu’un avenir sera de nouveau possible pour un journal culturel à l’image de Zibeline quand chacun et chacune s’appropriera notre combat et en réalisera les enjeux. Aujourd’hui, il est trop tard. Mais demain peut-être. » Et La Marseillaise d’indiquer ne pas se résoudre à « cet état de fait ».
Dont acte. « On n’a pas d’argent mais des valeurs », aurait dit Léo Purguette, dixit Ludovic Tomas, futur rédacteur en chef du magazine lors de la conférence début mai pour annoncer le retour du titre en juin. Comme l’explique celui qui est passé par L’Huma, « c’est difficile, par essence, de faire vivre un journal indépendant. Mais, en 2021, avec le Covid, malgré le chômage partiel et l’interruption de la parution de la version papier du journal, on savait que ça allait être très difficile. On n’avait plus de pub des structures culturelles. Et pas grand-chose du côté des collectivités locales. Rien par exemple du Département. Et, du côté de la municipalité, on a compris que, même s’il y avait une attention à la question des médias, cela ne faisait pas partie des priorités ».
Pourtant, la figure historique du titre, Agnès Freschel, est elle-même adjointe à la culture à la mairie du 1/7 ! Pas facile toutefois de faire vivre une publication avec moins d’un millier d’abonnés et une douzaine de salariés. Après la publication de quelques numéros, faute de pouvoir payer les salaires, le journal a déposé le bilan en février et le tribunal a liquidé le journal début mars.
Retour donc en juin. Et avec un nouveau nom ! « On aurait voulu récupérer la marque et le site web mais, comme on veut sortir en juin, la décision du tribunal serait intervenue trop tardivement. Voilà pourquoi le journal s’appellera… Zébuline ! » Qui, pour le coup, ne peut plus être confondu avec la souris de Moscovie évoquée par Yves Simon dans sa chanson Zelda.
Au-delà de quatre numéros spéciaux pour annoncer les festivals de l’été et les différentes saisons culturelles, Zibeline nouvelle formule sera un supplément hebdomadaire « culture et société » de La Marseillaise : « On pourra aussi l’acheter à part mais, concrètement, on n’aura plus à s’occuper de la distribution », précise Ludovic Tomas. Qui ajoute : « Concrètement, La Marseillaise ne met pas d’argent mais va nous épauler. Par exemple, on va continuer à partager leurs locaux. Et, symboliquement, ils vont présider notre association. » De fait, vu les difficultés du média martégal Maritima qui, par son investissement, avait permis de relancer La Marseillaise, on se doute que le quotidien communiste ne peut être que dans le registre du soutien.
Côté salariés, la nécessité de réduire la voilure s’est imposée : « On reste une douzaine mais la masse salariale est réduite de moitié. Avec 4 à temps plein, 3 à mi-temps et les autres à la pige. Sans oublier les bénévoles. » A noter qu’Agnès Freschel continuera de siéger au sein du bureau de la nouvelle association.
Si le futur rédacteur en chef compte sur les structures culturelles, pour lui, « le premier responsable du pluralisme, c’est l’État. Et, malheureusement, on se rend compte que, dans le monde des médias, mieux vaut s’appeler Bolloré qu’être une structure associative ». Notre collègue n’oublie pas non plus les collectivités locales, évoquant des pistes du côté de la Région et des discussions avec la ville. Gageons que celui qui a travaillé pour Jean-Marc Coppola lorsqu’il officiait à la Région pourra lancer à celui qui est devenu adjoint à la culture à la ville de Marseille : « Encore un effort, camarade ! »