Le Poing le met sur les « i »
C’est presque devenu un « running gag » aux Rencontres de la presse et des médias pas pareils qui ont eu lieu à l’orée de l’été (1). « Nous, c’est Le Poing. Avec un « g »… » La précision est d’importance. Si les médias de Paca sont venus en force dans l’arrière-pays niçois, la délégation montpelliéraine n’est pas mal non plus. Vu la jeunesse et le dynamisme des collègues, on a pris un p’tit coup de vieux. Même s’ils ont l’énergie communicative. Et pas leur langue dans la poche !
Comme dans cet édito qui assène : « La presse montpelliéraine va mal ! » Pourtant, au-delà du très classique Midi Libre (qui appartient au groupe La Dépêche du Midi de Jean-Michel Baylet, actionnaire aussi de la Gazette de Montpellier) et si La Marseillaise n’est plus qu’un hebdo, on trouve un satirique, L’Agglorieuse (Cf le Ravi n°184), le site Alter-Midi (des anciens de La Marseillaise qui viennent même de lancer une version papier !) et, jusqu’à peu, un média lié à Mediapart qui faisait un peu de bruit, Le D’oc.
Face à cet inventaire, Elian, du Poing, fait la grimace : « Le D’oc, c’est le plus emblématique. Son fondateur, Benjamin Téoule, il m’a tout appris ! Sauf que, lors des municipales, il s’est retrouvé à pactiser avec un représentant du RN pour tenter de faire tomber la candidate écolo. Et depuis, il a été embauché à la mairie ! »
Journalisme d’impact
D’où, pour notre confrère, cette certitude : « Médiatiquement, il y a une place à prendre. Ce qu’on fait avec Le Poing mais aussi le site La Mule du Pape et Radio GI.NE. » Qui, ensemble, constituent le « MIM » pour « Médias indépendants de Montpellier ». Précision du collègue d’Elian, Julien : « Même si on est souvent sur les mêmes thématiques, on a préféré se rassembler plutôt que fusionner car ça aurait été un peu comme brûler nos propres maisons. »
Le Poing est un journal qui, depuis 2013, « suit particulièrement les luttes sociales ». Plus récente, La Mule du Pape est sur le même créneau « mais en faisant la part belle aux photos et à la vidéo », tandis que Radio GI.NE est une webradio « qui porte un autre regard sur le quartier populaire de Figuerolles ».
Journal à prix libre diffusé à 4000 exemplaires, qui a pour terrain de jeu principalement l’agglomération montpelliéraine, Le Poing sait taper fort : « On s’est mobilisé autour du commando d’extrême droite qui avait envahi la fac de droit, en couvrant évidemment le procès qui vient de se tenir. » Et Elian d’ajouter : « On est aussi dans ce que StreetPress appelle le journalisme d’impact. En fin de manif, on trouve une cartouche de fusil à pompe. Une arme non létale mais qui indique que, pour du maintien de l’ordre, la police a fait usage d’un fusil d’assaut. Reprise par Mediapart, cette info a débouché sur l’interdiction de cette arme dans le schéma du maintien de l’ordre. »
Sourire de notre confrère : « On sait que les élus nous lisent. Et qu’on les em… ! D’ailleurs, on couvre tous les conseils municipaux. » Mais aussi les « comparutions immédiates. Ça permet de voir comment fonctionne la justice. C’est un peu le pendant des pages « faits divers ». Sauf qu’on va pas raconter la même chose que les autres. Le Midi libre va parler des prévenus, nous du juge, du procureur… »
Au Poing, tout le monde est bénévole et le titre n’a aucune aide. Mais quand le financement de la presse pas pareille a été abordé, l’écoute a été attentive : « On a la réputation d’affreux anarchistes mais réussir à dégager un peu d’argent pour se payer, on ne serait pas contre. Et qu’importe si on nous trouve trop militant. Comme ce prof à l’école de journalisme auquel j’ai rappelé un titre épique du Dauphiné Libéré : « Un bon voisin… mais admirateur du nazisme » ! Alors, c’est qui les plus militants ?! »
- Une pensée pour nos collègues de M’ouais, expulsés cet été de l’appartement qu’ils occupaient cet été. Plus d’info sur le blog de Mediapart de Macko « Philémon » Dragan