Mouais, le canard dubitatif niçois
A l’origine, une bande de potes issus du milieu associatif niçois, militants, membres de collectifs aux expériences de médias alternatifs variés. « On aime bien le papier, on est plutôt gros consommateurs d’infos mais là, la presse locale et Nice-Matin en particulier, c’était insoutenable », explique Macko Dragan, l’un des animateurs de Mouais (le mensuel dubitatif… quoique) sur la douzaine que compte l’équipe.
Le constat fait de la pauvreté de l’offre médiatique locale, « on est passé en mode FLTP, fais-le avec tes potes ». Depuis décembre, l’équipe sort un mensuel de 16 pages au design plutôt léché avec chat noir comme animal totem. « Le problème, ce n’est pas que Christophe Barbier soit de droite, mais qu’il soit présenté comme un modèle de neutralité, s’énerve notre interlocuteur. On assume d’être subjectif : oui on est militants, on est antiracistes, anarchistes, féministes… Tout ça on l’assume, on sait d’où l’on parle. Après on n’a pas voulu faire un tract, on n’a pas toute la vérité. Mais on aime l’humour, la provoc, la subtilité, tout cela avec un travail de recherche et d’enquête. »
Mouais est imprimé à environ 500 exemplaires. Disponible sur abonnement à 22 euros, il est aussi distribué dans quelques kiosques à Nice, dans des points de vente alternatifs (librairies, bars, lieux militants…) et en manif, à prix libre le plus souvent. Après six numéros, l’équipe a continué à travailler en visio lors du confinement pour sortir un numéro double en avril intitulé « 2025 après la Révolution« . Journalisme d’anticipation entre « manif du turfu » pour le bétonnage ou le récit de retrouvailles avec un Estrosi bionique à la casse. Ce qu’on ne lit à peu près nulle part ailleurs.
Le mode de fonctionnement est libertaire, « ce qui est souvent beaucoup plus long et relou… Mais on a le droit aussi de ne pas être d’accord : l’un de nous a voulu une fois faire son article sur la corrida… Bon la corrida, hein… Il s’est fait pourrir par les lecteurs, on a fait un droit de réponse. » Pas de salariés encore mais c’est un objectif à moyen terme, au moins de rémunérer la maquettiste et l’illustrateur, Pluie acide.
La création de Mouais était aussi une façon de défendre une ville à l’image très à droite, emplie de vieux… « On en a un peu ras le cul de cette image de merde, que je peux comprendre, rit jaune Macko Dragan. Mais contrairement à ce que beaucoup peuvent penser, la ville a des traditions de gauche et alternatives comme le carnaval et l’esprit Pantaï. C’est aussi une ville populaire, avec beaucoup de familles en dessous du seuil de pauvreté. » Le numéro de cet été, plus épais avec 24 pages, sera « batchas » (l’équivalent du cafoutch en marseillais). Comment dit-on dubitatif en niçois ?