Police partout, journalisme nulle part ?

Elle est systématiquement dans le top 3 de leur page d’accueil web : la rubrique faits-divers se porte toujours bien, un siècle et demi après la naissance de la presse locale. Mais ce n’est plus forcément la grande époque où chaque titre avait son service dédié et où les cartes de presse avaient le même format que les cartes de police. Sous l’influence des procureurs et des services communication des forces de l’ordre, l’information officielle arrive désormais au compte-gouttes et de manière partielle. De son côté, par fusion et/ou réorganisation, un journal de presse quotidienne régionale (PQR) peut souvent se retrouver en situation de monopole sur la « tournée » police-pompiers-gendarme. Une actualité de flux, qui reste une poule aux œufs d’or en termes d’audience, au même titre que le sport, le hippisme, les pages quartiers et les carnets de décès.
Le journaliste « fait-diversier » est-il pour autant un servile pro-flics ? Dans la plupart des cas, il est tiraillé : comme un « rubricard » politique ou sportif, il dépend de ses sources pour avoir la capacité d’aller au-delà de la communication officielle, y compris pour pointer des dérives. Dans un podcast de Binge Audio, Philippe Pujol, ancien fait-diversier à La Marseillaise, souligne toute la complexité du métier pour une rubrique qui est la plupart du temps « un loisir pour le lecteur ». À l’heure où le nouveau schéma national du maintien de l’ordre propose une « sensibilisation » des journalistes au droit et aux tactiques de maintien de l’ordre, à quand des stages d’immersion pour lecteurs et policiers au sein des rédactions ?