What the fake ?
Comment fonctionne Arrêt sur images ?
Arrêt sur images propose une déconstruction des récits médiatiques et divers reportages et enquêtes. L’idée d’origine est partie du refus de participer à la messe médiatique et à l’info monolithique. Depuis son lancement sur internet, le site fonctionne en toute indépendance, sans financement de milliardaire, ni subventions, ni publicité. On a même refusé les aides liées au numérique ! On a 25 000 abonnés aujourd’hui. Je suis le seul actionnaire mais j’espère qu’un jour, l’équipe le deviendra.
Quel regard portez-vous sur les fake news ? Ou sur la façon, par exemple dont le gouvernement communique sur ADP et sur ses réformes?
Sur la privatisation d’ADP, on est sur de la communication ou propagande gouvernementale. Ce n’est malheureusement pas une fausse nouvelle si le gouvernement arrive à privatiser ADP. Idem, sur la réforme des retraites, le gouvernement dit créer un régime universel. Tout le monde a envie d’un truc universel… Mais c’est un mot qui masque une réalité qui vise à réduire la retraite de tout le monde. On n’est pas dans la fake news qui est un mensonge sur le fait. On est dans un autre processus étudié notamment par Georges Orwell dans 1984, qui est la manière de vider les mots de leur sens, les mots ne veulent plus rien dire aussi bien sur les retraites que sur les aéroports.
Malgré l’abondance de l’information, comment expliquez-vous la défiance citoyenne et celle des Gilets jaunes ?
On est dans une double inflation, celle à flux continu de l’information et celle des réseaux sociaux qui exige de rester vigilant. Quand le mouvement des Gilets jaunes a éclaté il y a eu des directs sur toutes les grandes chaînes d’info. Dans les grands médias, les aspects physiques et violents du mouvement ont prédominé sur les raisons que les gens avaient de descendre dans la rue et de se battre. Ce qui a posé un problème de véracité de l’information, entraînant une défiance vis-à-vis des médias et une inflation de celle des réseaux sociaux. Arrêt sur images offre justement un autre regard sur ces récits médiatiques prédominants qui ne sont que le fruit d’une construction intellectuelle.
Quel conseil donneriez-vous à un média « alternatif » émergent aujourd’hui ?
À son lancement, le Référendum d’initiative partagé (RIP) sur la privatisation d’ADP est passé entièrement sous silence. Pas un seul papier n’était paru dans la presse ! Il y a plein d’autres sujets essentiels de fond à traiter, comme la réforme chômage, celle des retraites, le fonctionnement des services publics, etc. Le métissage entre la culture internet horizontale et la culture médiatique traditionnelle verticale pousse à des styles de narration plus co-construits grâce aux forums, grâce au contact constant avec les citoyens.
Propos recueillis par Houda Benallal