Crayon au poing !
Il y a déjà quatre ans ! La mort tragique de Charb, Cabu, Honoré, Tignous et Wolinski suscite alors une empathie inédite pour le dessin de presse. Pas un journal, pas une télévision, ne s’abstient de diffuser des dessins. Même les radios « disent » à l’antenne les facéties visuelles des dessinateurs. Mais l’enthousiasme est vite retombé. Chercher une aiguille dans une botte de foin est à nouveau plus aisé que de trouver un dessin dans les pages d’un journal. Qu’ils soient régionaux, nationaux, quotidiens, hebdomadaires, très peu dérogent à cette règle d’abstinence. Ou alors de façon cosmétique.
C’est que dans le langage des commerciaux qui fixent leur loi à la presse, un dessin est « clivant ». Il peut certes amuser, susciter l’adhésion, mais il dérange voire choque parfois. Il a le sacré défaut de faire réagir, réfléchir, réveiller. Il n’est donc pas assez « fédérateur » aux yeux de ceux qui veulent surtout vendre aux annonceurs des « espaces de cerveaux disponibles » et « ciblent » de futurs électeurs ou abstentionnistes bien dociles.
Le dessin est donc un bon baromètre de l’irrévérence ou, a contrario, du formatage des médias. Et le Ravi, mensuel dédié à l’enquête et à satire, est naturellement tout entier illustré par des dessinateurs. Qui ont longtemps été bénévoles dans nos colonnes. Ils y ont désormais, comme les journalistes du mensuel régional pas pareil, l’immense honneur d’être sous-payés. Mieux vaut en rire !