"L'urgence c'est la précarité"
Le 2 décembre dernier s’est tenue l’assemblée générale constitutive du Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM). Cette nouvelle instance – une association loi 1901 – se veut « un organe professionnel d’autorégulation, indépendant de l’État ». Ses initiateurs (dont 2 des 4 syndicats représentatifs de journalistes, le SNJ et la CFDT) militent depuis longtemps pour sa création. Soutenu par les pouvoirs publics, notamment par le ministre de la Culture Franck Riester qui avait commandé un rapport à l’ancien président de l’AFP Emmabuel Hoog, cette instance tripartite (éditeurs/journalistes/public) est censé être un« facteur de protection de la liberté d’informer, un gage d’amélioration de la qualité de l’information et de la confiance des citoyens dans les médias ». Rien que ça !
Dans un texte commun, une vingtaine de sociétés de journalistes (SDJ) expliquent pourquoi « elle refusent de tomber dans ce que nous considérons à ce stade comme un piège ». C’est peu dire que la profession est divisée sur ce conseil de déontologie. Et le débat dure depuis des années. Le SNJ-CGT, deuxième syndicat de journalistes, n’a jamais varié et a toujours combattu un « machin » qui ne réglera rien ou si peu de choses.
L’urgence c’est la misère sociale dans le journalisme, c’est ce qui se passe dans la presse magazine avec Reworld Media qui démantèle Mondadori ou Kretinsky qui prospère sur l’ancien empire Lagardère. Ou l’intransigeance hallucinante de la pédegère de Radio France face à ses salariés en grève depuis trois semaines. La même surdité que le gouvernement pour la réforme des retraites. La même morgue, la même hargne. Alors en quoi un conseil de déontologie va t-il arranger la situation des journalistes et du pluralisme ? En quoi va t-il permettre aux collègues de n’être plus canardé par les forces de police chaque semaine ?
Qu’on ne compte pas sur le SNJ-CGT pour servir de sauveur ou de caution. Non nous ne voulons pas de ce conseil de déontologie voulu par la Macronie. Il ne servira à rien car il ne s’attaquera pas aux vrais problèmes de l’information en France. Il y a vraiment mieux à faire. Et collectivement. En se mobilisant pour une réappropriation démocratique des médias. Pour défendre le droit d’informer et le droit à être informé, tous deux gravement menacés. Et pour que l’information, trop longtemps confisquée par les pouvoirs, devienne enfin un bien commun et non une marchandise.