Réaffirmer la nécessité de la déontologie
Le 2 décembre dernier, avec de nombreux autres partenaires – syndicats représentatifs de journalistes ou d’éditeurs, journalistes, médias et collectifs représentants le public – le Syndicat national des radios libres a participé à la création du conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM).
Le CDJM est l’aboutissement d’une démarche collective de journalistes et d’éditeurs initiée dès 2006 [APCP (1), ODI (2)]. Il se veut et se doit d’être porteur de l’esprit des lois et des chartes fondatrices de la profession : la loi de 1881, la charte de Munich de 1971, celle du SNJ (1918)… sont ses référentiels. Cette création est une nécessaire dynamique d’affirmation des valeurs fondamentales de la pratique journalistique dans un paysage médiatique en forte mutation.
Créer ce conseil, c’est d’abord asseoir un principe d’autorégulation de la profession journalistique. Autorégulation, donc indépendance vis à vis des pouvoirs publics. C’est affirmer que la profession en son entier doit se montrer attentive à ses principes fondamentaux, mais que nul autre ne peut se substituer à elle pour en juger. Y adjoindre le terme de « médiation », c’est par ailleurs inviter les médias, les journalistes et leurs publics à tisser davantage de liens : une demande citoyenne très fortement exprimée ces derniers temps. C’est pourquoi, à l’instar de nombreux conseils de déontologie dans le monde, le CDJM est constitué de trois collèges représentant les journalistes, les éditeurs et le public. Le CDJM ne sera pas une contrainte à la liberté journalistique, il n’aura pas de pouvoir de sanction : il émettra simplement des avis pour chaque cas dont il sera saisi et les rendra publics.
Alors que les questions de déontologie sont de plus en plus oubliées par des systèmes économiques et de production d’informations à flux tendus, il est nécessaire de réaffirmer leur nécessité. Au moment où les atteintes à la liberté de la presse semblent se multiplier, il est utile de se doter d’un organe d’autorégulation fort qui sera un rempart supplémentaire pour garantir cette liberté.
Les médias « pas pareils » le sont parce qu’ils ont su mettre leurs modèles économiques, associatifs ou coopératifs, au service du plus grand respect des valeurs fondamentales du journalisme et au service d’une proximité constante avec les citoyens : ils ont un rôle évident et essentiel à jouer au sein du CDJM.
1. APCP : Association pour la préfiguration d’un conseil de presse.
2. ODI : l’Observatoire de la déontologie de l’information est à l’initiative de la création du CDJM
Thierry Borde est par ailleurs membre du Conseil d’administration de la Tchatche, l’association qui édite le Ravi.