18 000
Je suis une nouvelle illustration des dysfonctionnements de la justice dès qu’il s’agit « d’apologie du terrorisme ». Je suis la somme réclamée à Jean-Marc Rouillan, l’ex-militant d’Action Directe, pour « préjudice moral » en faveur des parties civiles ayant obtenu sa condamnation en appel en mai 2017. Je suis le prix demandé pour avoir lors d’une Grande Tchatche avec le Ravi, en 2016, parlé du « courage » des auteurs des attentats à Paris tout en dénonçant leur « idéologie mortifère ».
Je pourrais – alors qu’avec pour seule ressource, le minimum vieillesse, il n’a pas les moyens de payer d’une seule traite les 18 000 euros exigés – contribuer à renvoyer Rouillan en prison où il a déjà passé vint-huit ans dont sept à l’isolement total. Je suis selon ses avocats une très mauvaise surprise faute d’avoir été notifiée auparavant par la juge d’application des peines.
Je suis la manifestation regrettable d’une police de l’opinion et d’une justice d’exception même lorsqu’on abhorre les meurtriers ayant massacré une rédaction de dessinateurs au nom de l’islam intégriste. Je suis le dernier symptôme d’une dérive qui mine les fondements de notre démocratie.