L'inspecteur accuse
Quel toupet a eu Philippe Pascal de redresser François Mariani, cousin de Thierry (le député européen RN) et ancien patron de la CCI du Vaucluse (Cf le Ravi n°162) ! En 2010, cet ex-inspecteur de l’Urssaf reçoit des informations d’un salarié des Agassins, l’hôtel 4 étoiles du Pontet détenu par François Mariani. En plus d’avoir recours à des embauches au black, le boss a mis en place une double-comptabilité. Montant du redressement : 715 000 euros.
C’est le début d’une longue série d’ennuis pour Philippe Pascal. D’abord, les bonnes vieilles méthodes d’intimidation. En 2011, un 4×4 lui fonce dessus. Un de ses amis avec lequel on l’a confondu se fait tabasser en 2012. Et en 2013, il retrouve son véhicule volé devant les locaux de l’Urssaf, assorti d’un amical panneau « tire-toi vite ! ». Sur les conseils du procureur, Philippe Pascal dépose trois plaintes, classées sans suite. Et va bosser protégé d’un gilet pare-balles offert par sa direction. En 2016, après un burn-out et avoir perdu 15 kilos, il est licencié pour inaptitude.
Car depuis 2013, l’ex-agent de l’Urssaf navigue de plaintes en procès, reports et délibérés. Il a récupéré un enregistrement audio de Mariani dans lequel ce dernier fait allusion à un emploi au black. Un « recel d’enregistrement privé » selon l’ancien patron de la CCI, qui porte plainte. L’enregistrement a pourtant été transmis au procureur de l’époque à sa demande. Mais entre temps, Thierry Villardo a laissé sa place à Bernard Marchal, un magistrat qui, selon La Provence, « n’a jamais caché sa proximité avec la droite vauclusienne ». Mariani poursuit également Pascal pour corruption et atteinte à la présomption d’innocence.
Le hic, c’est que les procès-bâillons impressionnent peu l’inspecteur. Après deux relaxes et un classement sans suite, il contre-attaque. Et poursuit François Mariani pour procédures abusives d’une part, l’Urssaf pour maladie professionnelle de l’autre. Depuis dix ans, Philippe Pascal dénonce sans relâche les « méthodes de voyou », dixit son avocate, de celui qu’il accusait dans un courrier à son directeur régional d’être le « parrain du Vaucluse, l’équivalent de Guérini dans le 13″. Cette lettre a été produite à la barre par l’avocat de Mariani lors de l’audience du 2 février 2021. Comment s’est-elle retrouvée entre ses mains ? Au Ravi, l’ex-inspecteur explique qu’il compte poursuivre son ancien employeur pour « trahison du secret professionnel ». Il publiera en avril J’accuse l’Urssaf, le récit de son calvaire judiciaire.