« Aider plutôt que verbaliser »
Christine Donadio : « Quand je suis rentré dans la police municipale, j’avais 25 ans et j’avais envie d’interpeller, pas de faire enlever en fourrière. Mais il n’empêche que tout ce travail de circulation, de parler avec la population, d’aller faire la sécurisation de la foire, ce sont aussi nos prérogatives, au service de la population, pour rendre un service public. Chez nous, ce sentiment est extrêmement présent : on n’a pas d’absentéisme, les agents ne rechignent pas sur les horaires [alors qu’on] est présent 7 jours sur 7 et on assure un service presque toute la journée, avec un service de nuit. Mais on perd ce contact [avec la population] : comme on est tout le temps sollicité, il n’a plus la même qualité. On nous demande plus de répression, on est plus axé sur le chiffre, les statistiques. Et en cette période pré-électorale, on est plus sollicité. Sur tout : la sécurisation, la verbalisation, etc. On a tellement de missions, qu’on a demandé à d’autres services [de nous aider] ! »
Melika Fatnassi : « Des ordres de mission nous sont donnés tous les jours : trois, quatre, dix. En fonction des réunions, du nombre d’équipages, etc. Plus, tout ce qui est appel radio, pour les véhicules gênants et pour toutes sortes de choses. Ça rythme notre journée. Mais des fois, on n’arrive pas à tout gérer, jusqu’à une dizaine de missions par jour sur des compétences très élargies et un champ d’action énorme : le judiciaire, le code de la route, l’urbanisme, les débits de boisson, l’environnement, les chiens dangereux, etc. On récupère aussi de nombreuses missions que la police nationale n’arrive plus à faire faute d’effectifs, comme pour la surveillance du littoral, dont la brigade a dû perde les trois quarts de ses effectifs ! Mais ce qui me plait, c’est quand on peut aider les gens, une dame qui nous interpelle pour nous demander de l’aide alors qu’on patrouille. Des collègues qui font l’îlotage et qui vont peut-être interpeller l’auteur d’un vol ! Si on réussit à l’aider, ça m’a fait ma journée. Je préfère ça plutôt que de verbaliser quelqu’un mal garé. »
Propos recueillis par Christophe Massot et J-F. P.
Christophe Massot réalise sur Radio Grenouille (FM 88.8) la série documentaire « La parole au travail » (diffusion le 3e mercredi du mois à 17h00).