Allauch la police ?
Le préfet de police n’était pas au courant. La Cnil (informatique & libertés) non plus. Et élus, universitaire ou policiers tombent de l’armoire lorsqu’on leur expose les faits. Depuis dix ans, en attestent les documents consultés par le Ravi et RSI Média, la police municipale d’Allauch se voit transmettre un fichier intitulé « Informations venant de la Police nationale » qui recense mois par mois « cambriolage », « agression » et atteintes aux véhicules avec, sur ces documents frappés du sceau de la mairie, le nom, l’adresse et les coordonnées des victimes ainsi qu’une colonne indiquant « date rencontre ».
Car, du temps de Roland Povinelli (décédé en mai), ces personnes étaient recontactées par la mairie, notamment par courrier. Et feu-l’édile, tout en rappelant que « la sécurité est un devoir régalien », de dire toute sa « tristesse » et mandater la police municipale afin qu’elle rencontre les plaignants, déplorant au passage que « la police nationale ne soit pas constamment sur le terrain ».
Or, si, à Povinelli (divers gauche), a succédé le LR Lionel de Cala (ex-collaborateur du patron de la région Renaud Muselier), le fichage ne s’est pas interrompu. Seul changement ? Depuis mars, la colonne « rencontre » est vierge. La préfecture de police a mis près de deux semaines à nous répondre. Pour expliquer que, puisque police nationale et municipale « collaborent étroitement », cet « échange d’information est tout à fait autorisé ». Avec « pour base juridique une convention signée en avril 2019 » entre la préfecture et la mairie. Alors quid des échanges antérieurs ? De plus, la préfecture explique que l’« échange se limite aux cambriolages ». Or, sont recensées aussi les atteintes aux personnes et aux véhicules. S’interrogeant, elle, sur un éventuel « détournement de finalités », la Cnil n’a reçu ni « plainte » ni « signalement ».
Fin septembre, l’insécurité s’invite dans le débat du conseil municipal à Allauch. Mais l’élu en charge du dossier, Patrick Minéo, est absent. « Le covid », excuse le maire. A l’issue, on l’interroge sur le fichier. Gêné, il dit avoir besoin d’« éléments ». Le lendemain, Lionel de Cala affirme avoir appris son existence cet été avec notre article ! Et certifie « y avoir mis fin en juillet car cela ne semblait pas être en conformité avec les règles de la Cnil. Face à l’insécurité, on souhaite porter toute l’assistance possible. Mais dans le respect de la loi ». Prendre ses marques, ça prend du temps : sur les « mentions légales » du site web de la mairie, Povinelli en est toujours « directeur de la publication » !
Article co-réalisé avec RSI Média
A lire aussi, l’article de nos confrères qui détaillent leur enquête : https://www.facebook.com/rsi.media/posts/154503926323683