Le ravi de plâtre attribué à Jean-Claude Gaudin, primo-délinquant de 82 ans
On a peur de comprendre. Jean-Claude Gaudin, ex-maire de Marseille durant un quart de siècle, choisit de plaider coupable dans l’affaire des fausses heures supplémentaires du Samu social municipal. La justice l’accepte, et deale pour une peine de six mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende. Pour un préjudice évalué – pour le seul Samu social alors que d’autres services sont dans le collimateur – à 10 millions d’euros par an, étalé sur plusieurs années. Un manque d’au moins 280 équivalents temps-plein selon le chiffrage de la Chambre régionale des comptes. Au moins 5 % de la masse salariale municipale. Et pendant ce temps, en comparution immédiate…
A l’audience, le parquet national financier a mis en avant la faillite collective dans ce dossier : la préfecture n’a pas joué son rôle de contrôle, la Chambre régionale des comptes n’a pas saisi la justice alors que le code de procédure pénale lui en faisait l’obligation. Et, si on pousse le raisonnement, beaucoup d’électeurs non plus n’en ont pas tenu rigueur, scrutin après scrutin. Jean-Claude Gaudin a détourné des fonds publics par négligence, mais il n’est pas le seul à avoir tourné les yeux et puis, il est si vieux… Éternel avantage de la délinquance en col blanc : le préjudice semble abstrait, les responsabilités tellement diluées.
La nouvelle majorité municipale, elle, a choisi de ne demander qu’un euro de dommages au nom du préjudice moral. 280 agents manquants au service des Marseillais pendant au moins quinze ans ; un euro de préjudice moral. La mansuétude de cette procédure, si elle peut s’argumenter, reste dure à avaler. L’exigence qu’elle fait porter à l’avenir sur les élus, la justice et les électeurs n’est, elle, pas négociable.