"Je suis touché !"
08:00
Sans explication, ce 9 décembre, la séance a été avancée. L’enquête du Parquet national financier s’accélérerait-elle ? Ou la campagne ? Non loin du QG du maire François Bernardini (surmonté d’une enseigne où une grosse maison salue en soulevant son toit comme un chapeau), son prédécesseur, Michel Caillat, passé du rose au vert, vient d’inaugurer le sien. En même temps que le macroniste Thierry Blanc.
08:45
À l’entrée de la mairie, la police… municipale. Le maire se glisse entre sa frêle 1ère adjointe Nicole Joulia et le non moins épais directeur général des services Nicolas Davini. Derrière, son éminence grise Marlène Prosperi-Picon, directrice de cabinet. Face au maire, au centre du public, Caillat.
09:03
François Bernardini profite de l’hommage à trois pompiers morts en hélicoptère pour se faire les crocs sur Michel Caillat et Grégory Gabanou du FN qui ont « lié leur sort tragique à l’urbanisation. La campagne a le mérite de faire apparaître la vraie nature de certains candidats ». Ambiance.
09:20
Un nouveau label pour Istres, celui de « ville prudente » de la « Prévention routière ». Dédicace du maire à son opposant LR Robin Prétot qui « s’interroge sur le bien-fondé de ce qu’il qualifie de “bitumage” ! ». Un ange passe à 30 km/h.
09:21
Prétot l’interroge sur le recours à des « avocats », à des « huissiers de justice ». Et sur un « additif » faisant état d’un déplacement du maire à Paris…
09:28
Avec le ton de l’huissier qui fait marrer jusqu’aux techniciens, Olivier Mayor présente les rapports d’activité des fourrières (« animale » et « automobile »). Bernardini, narquois : « Un commentaire ? Les chiens, les chats ? Les bars à chats ? À chicha ! » Soupir de la frontiste Rose Criado : « Je croyais qu’on était en conseil municipal, pas en campagne électorale. »
09:31
Joulia liste les subventions aux associations. Le frontiste Paul Mouillard se demande pourquoi on y trouve la « mise à disposition de personnel » pour « l’office de tourisme ». Réveil du DGS Nicolas Davini : « Ce n’est pas une subvention supplémentaire, c’est une opération blanche pour la ville. » Sa réplique préférée ! Un élu se rend compte qu’impliqué dans l’une d’elles, il n’a pas le droit de prendre part au scrutin : « Attention, je vote pas ! » Le maire rigole : « Il était temps ! Bon, on prend les votes et on retire ceux qui n’ont pas le droit de voter. » Ça s’passe comme ça, chez François !
09:36
Nouvelle anicroche sur une prime pour le personnel entre Prétot et Bernardini. Qui lance à Lionel Jaréma du PS : « Vous votez pour ? Je suis touché ! » C’est plus tendu lorsque le candidat LR refuse de voter une partie du budget à venir « parce qu’il concernera une autre majorité et un autre conseil municipal ». Rires de la majorité. Qui s’étrangle quand il pointe, comme le PS, un « emprunt d’un million d’euros ».
09:42
Transfert de compétences à la métropole. Mouillard couine : « Bientôt, il ne nous restera plus que les yeux pour pleurer ! » Bernardini, rassurant : « Demain, le bitumage, il sera fait par d’autres. » Tout en précisant : « Quand on est dans le domaine du quotidien, cela restera municipal. » Et, face à la moue du frontiste, d’asséner : « Moi, ce qui m’intéresse, c’est le nid de poule ! Vous remarquerez que ce sont les spécialistes des chausse-trappes qui dénoncent les nids de poule. »
09:56
Panne de micro ! Pour qu’on n’entende pas ce nouveau bras de fer entre le maire et Robin Prétot ? Le voilà à dénoncer « une opération qui illustre le bétonnage dont vous êtes friand. Une clinique qui va être rasée pour construire 22 logements sociaux sur 4 étages dans un quartier qui ne s’y prête absolument pas ». Et de fustiger ces « programmes qui défigurent la ville ». François Bernardini ironise : « Vous êtes un homme sérieux, appartenant à un parti attaché à la notion de liberté. On n’est plus dans un régime soviétique. Ce n’est pas nous qui vendons, c’est la propriétaire s’est battue pour vendre son bien. » Réplique du jeune opposant de droite : « Mais c’est vous qui faites les règles d’urbanisme ! » Le maire renchérit : « Il y a eu concertation. Et un recours. Qui a été retiré. » Pretot soupire : « Parce qu’il y a eu transaction. » Ça s’échauffe : « Va demander à Bruno Gilles ce qu’est un centre-ville ! » Jaréma, lui, vient rappeler qu’avant de passer au point suivant, il faut « voter le rapport ». Remerciements. Jaréma sourit : « N’y prenez pas goût. »
10:13
Retour du son. Et de Valérie Cambon, adjointe au tourisme (et compagne de Philippe, entrepreneur istréen bien connu) qui fait la retape pour « Noël sur glace » avec, « pour une note féerique » (et l’enthousiasme d’une annonce d’accueil), la mise à disposition d’une « patinoire ». Changement de ton avec Joulia et le « contrat de ville ». Prétot revient à la charge sur les logements sociaux. Une élue de la majorité, piquée au vif : « J’en ai bénéficié. Ça veut pas dire qu’on est des bons à rien ! » Pour expliquer « pourquoi on construit », Bernardini hésite entre violon et grosse artillerie : « Les jeunes en difficulté, les couples séparés, les personnes âgées, on les laisse dehors ? » Tout en rejoignant le frontiste Charly Valentin qui prône, pour les « racailles », l’« expulsion ».
10:45
Tunnel sur les subventions demandées à la Région, au Département, avec, en point d’orgue, l’achat, dans le cadre du « Plan Climat » d’un « train touristique électrique » pour un demi-million d’euros ! Mouillard s’étrangle. Bernardini jubile : « Il sera même tout terrain pour que les enfants puissent aller voir les dinosaures » qui nichent derrière la mairie…
11:01
À la faveur des rapports relatifs au conventionnement avec le centre de gestion de la fonction publique territoriale, le maire demande, en voyant son adjoint Laurent Brémaud prendre ses aises : « Vous voulez ma place ? » L’adjoint, taquin : « Oui… mais bien plus tard ! »
11:06
Signature de la charte « Zéro déchet plastique », du plan « 1 million d’arbres en région Sud »… Bernardini en profite pour tancer « ceux qui découvrent l’écologie aujourd’hui. C’est pas de l’écologie de salon, ça ! » Dans le public, Caillat passe du vert au rouge.
11:14
Ultime round sur l’urbanisme, Prétot s’étonnant de parcelles cédées à… « 1 euro » ! Bernardini explose : « Le pinaillage, ça suffit ! C’est de la voirie, ça vaut rien ! » Le RN s’interroge sur une société immobilière… mais trop tôt ! C’est le rapport suivant : « Pour une fois qu’il est en avance ! »
11:30
Les échanges auraient pu être musclés sur le dernier rapport : une entreprise qui n’a pas été retenue pour la gestion de deux crèches a fait un recours et a eu gain de cause. Mais il a été retiré. François Bernardini veut que soit examiné « l’additif » fissa. Quitte à zapper le rapport sur le numérique ! Il est expédié. Et Nicole Joulia d’expliquer que, dans le cadre d’un « mandat spécial », le maire doit monter « à Paris le 19 décembre »… devant la « Commission de l’aménagement commercial ». Sourires entendus sur les bancs de l’opposition. Prétot se permettant même : « Pardon, vous montez le 19 décembre mais c’est écrit le 12… » De fait, c’est dès le lendemain du conseil que François Bernardini s’est rendu à la capitale. Avec son directeur général des services, Nicolas Davini, l’entrepreneur Philippe Cambon et l’architecte Paulo Dias, pour être entendu par le Parquet national financier dans le cadre d’une enquête préliminaire, comme l’a révélé Marsactu, pour « prise illégale d’intérêts », « abus de confiance », « abus de biens sociaux », « corruption »… Une enquête toujours en cours.
De haut en bas, Trax a caricaturé François Bernardini, le maire très divers d’Istres, Michel Caillat, l’ex-maire (PS) aujourd’hui candidat EELV et Robin Prétot, opposant et candidat LR.