« Le frigo d’Hubert » au tribunal en février prochain

La prochaine fois, Hubert Falco et Marc Giraud ne pourront pas se défiler. Représentés par leurs avocats Mes Thierry Fradet et Jean-Claude Guidicelli, ce vendredi 3 juin devant la 6ème chambre du tribunal correctionnel de Marseille pour l’audience de fixation de leur procès, le maire ex LR de Toulon, soutien d’Emmanuel Macron, et le président du conseil départemental du Var (CD 83) ont désormais rendez-vous du 1er au 6 février 2023 pour quatre jours d’audience dans l’affaire dite du « frigo d’Hubert Falco ».
Un dossier dans lequel, comme l’a raconté le Ravi (lire notre article), le maire ex LR de Toulon et ancien ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy est renvoyé aux côtés de Marc Giraud devant le tribunal correctionnel de Marseille pour recel de détournements de fonds publics. Le président du conseil départemental devra, lui, répondre de détournements de fonds publics. Les deux élus sont soupçonnés d’avoir fait financer par le « CD 83 » une partie du train de vie d’Hubert Falco depuis qu’il a quitté la présidence de la collectivité, en 2002 : repas gratis midi, soir, week-ends et jours fériés ; mise à disposition d’un cuisiner et d’un maître d’hôtel ; prise en charge de frais de pressing, via un marché du conseil départemental. Si le dossier a été circonscrit aux années 2015 à 2018, le préjudice total pour le Département a été évalué à 300 000 euros, soit 1 500 euros par mois. Considérés innocents, Hubert Falco et Marc Giraud réfutent les accusations et les évaluations. Le président du Département du Var expliquait même au début de l’affaire que le maire de Toulon ne se nourrit que de riz et de jambon…
Pour Faouzia Mehazem, l’audience du jour a été un soulagement. Secrétaire générale du syndicat Unsa du conseil départemental du Var, c’est cette petite femme énergique qui a saisi le parquet national financier du dossier début janvier 2019 au titre de l’article 40, qui oblige tout fonctionnaire ayant connaissance de possibles faits criminels ou délictueux à les dénoncer. « Je ne suis pas dans un combat personnel, mais j’avais besoin de voir les noms d’Hubert Falco et de Marc Giraud à l’entrée de la salle d’audience. Avec toute leur com dans Var Matin sur ce qui ne devait être qu’une étape technique du dossier, j’en étais venue à douter qu’on entrait dans le procès, raconte Faouzia Mehazem. Ça m’a aussi fait du bien parce que j’ai subi des représailles [dont des menaces de morts, Ndlr], qui à mon avis vont se poursuivre avec les élections professionnelles de décembre, et parce qu’un homme est mort. »
Responsable des cuisines du CD 83 jusqu’en 2018 et premier à avoir dénoncé les faits, Laurent Defraize s’est suicidé il y a tout juste deux ans, un t-shirt du conseil départemental du Var sur le dos, après plusieurs années de pression et de dépression dues à cette affaire, comme le rappelle dans un long article Simon Fontvieille (Mediapart, 02/06). Un suicide sur lequel le conseil d’hygiène et de sécurité du « CD 83 » n’avait jamais voulu enquêter pour éventuellement faire le lien avec la dégradation de ses conditions de travail.
Une victime pas partie civile
Dans ce dossier, l’Unsa du conseil départemental s’est portée partie civile aux côtés de l’association Anticor. « Des fonctionnaires ont été visés, mais il est aussi question de la bonne gestion des deniers publics », justifie la secrétaire générale du syndicat. Sans surprise, le CD 83 n’a par contre pas pris part à la procédure. « C’est pourtant lui la victime », s’étonne Me Mendes, l’avocat de l’Unsa. Qui note par contre avec gourmandise : « La défense en fait un gros dossier, elle fait citer 26 témoins, un expert en faux, il y a quatre jours de débats. Mais la 6ème chambre est spécialisée dans les affaires économiques et financières et la juge a déjà eu affaire à des élus. »
Dans ce dossier, trois cadres ou ex cadres du conseil départemental du Var ont déjà été condamnés à 10 000 euros avec sursis pour détournement de fonds publics ou complicité de détournement de fonds publics dans le cadre d’une procédure de reconnaissance préalable de culpabilité. Ils ont notamment reconnu avoir validé des dépenses indues au bénéfice d’Hubert Falco. Ce dernier, comme Marc Giraud, risque lui jusqu’à dix ans d’emprisonnement et une amende d’un million d’euros. Sans parler d’une éventuelle inéligibilité. Ça fait cher l’assiette de riz et de jambon blanc !