Tous comptables !
Pour les manifestants à l’extérieur, ce 25 novembre à Marseille, c’est le « conseil municipal de la honte ». De fait, dans les « fiches presse » de la com’ de la Ville, pas un mot sur le rapport de la Chambre régionale des comptes. Mais, à l’issue des débats, distribution à la presse d’un pavé de 200 pages. À chaque remarque de la CRC, une pastille rouge : « FAUX ».
Pour décortiquer finances, patrimoines et RH, la CRC a mis deux ans, deux rapports (*) et 300 pages, dénonçant « absence de stratégie » et « insuffisance dans le pilotage ». Au-delà du poids de la dette ou du personnel, c’est la gestion du patrimoine – dont la ville n’a pas une « connaissance exhaustive » – qui est pointée. Les écoles, bien sûr, mais aussi la Commanderie, la Corderie, l’Îlot Chanterelle… Quand la ville achète (ou loue), c’est au prix fort. Quand elle vend, c’est à vil prix. Parfois « dans des conditions de régularité contestables ». Et d’après la CRC – et nos enquêtes avec le consortium – à des proches.
Face à cet « exercice caricatural » visant à « discréditer vingt-cinq ans de travail », Jean-Claude Gaudin étrille « les étrilleurs » : « Où est la déontologie, la pertinence, l’équité ? » Mais, avant qu’Yves Moraine, le chef LR de la majorité municipale, ne rappelle que le patron de la CRC a fait « campagne pour Hollande », que Robert Assante, au patrimoine, ne voit en la chambre une « cinquième colonne », que Laure-Agnès Caradec ne loue la « gentrification », la première à s’exprimer, c’est Martine Vassal. Drôle d’ « hommage » de celle qui veut succéder à Gaudin mais pas être son « héritière ». Elle lui dit « merci ». Et qu’il faut prendre un « virage ».
Chiche pour l’opposition ! Le RN fustige « le mensonge, l’injustice et l’inégalité », égratignant au passage « les enfants du gaudinisme », Vassal et son rival étonnamment muet, Bruno Gilles. Benoît Payan du PS enchaîne : « Vous avez failli. Les chiffres ne font pas de politique. Pas plus que les rapports de la chambre. C’est le thermomètre, pas la maladie. »
Des rapports qui, pour Jean-Marc Coppola du PC, « rencontrent la colère des Marseillais ». Des élus aussi : « À Marseille, on fait du business sur le dos des plus pauvres », tonne la socialiste Marie-Arlette Carlotti. Et, en écho au drame de la rue d’Aubagne : « Vous n’avez rien fait, c’est votre inaction qui est la cause de ces décès. » Bronca de la droite. Qui cesse quand Patrick Mennucci lâche : « Je vous rappelle qu’il y a eu 8 morts. » Un chiffre qui n’est pas dans le rapport. Mais dont les élus de la majorité sont tous comptables.
*) Deux jours plus tard, la CRC tiendra un point presse pour répondre aux attaques de la ville