Vassal préfère le curé au prof ?
Des établissements neufs ou réhabilités, du numérique en veux-tu en voilà, un peu de social et quelques cadeaux, sans oublier une bonne dose de mesures sécuritaires : le plan à 2,5 milliards d’euros pour les collèges des Bouches-du-Rhône 2017-2027 de Martine Vassal, présidente LR du conseil départemental, qui sera voté ce 17 octobre a tout d’un joli coup de « com ». Y compris son nom, « Plan Charlemagne », qui renvoie selon la comptine à celui qui « a inventé l’école ». La délibération précise d’ailleurs que « ce rapport de principe ne comporte à ce stade aucune incidence budgétaire [puisque] les crédits nécessaires seront inscrits annuellement au budget ». Il faudra un miracle pour qu’il soit mis en œuvre ?
S’il y en a pour tout le monde et pour tous les goûts dans les 34 pages du document, Martine Vassal y reconnaît aussi les siens. Comme Jean-Claude Gaudin à Marseille qui aime à payer pour les enfants (de cœur) les maternelles cathos et les Atsem des écoles privées sans que la loi ne l’y oblige (Cf « Gaudin préfère le curé à l’instit‘ » in le Ravi n°121, et « Gaudin préfère toujours le curé à l’instit‘ » in le Ravi n°139), la vice-présidente des Républicains du « 13 » réserve quelques douceurs aux établissements sous contrats. 20 millions d’euros leurs seront attribués « dans le cadre de la loi Falloux » sur la liberté d’enseignement de 1850 (sic), pour assurer « le financement des travaux et des équipements ». Une aide qui « devrait permettre […] de participer notamment à la sécurisation, à la mise aux normes de sécurité et d’accessibilité, et aux travaux informatiques nécessaires, dans le cadre national numérique et du développement des usages ». Précision de collectivité : « Le Département, qui n’attribuait plus ces aides depuis 2010, les a rétablies en 2017. » A croire que le très catholique et multi mis en examen Jean-Noël Guérini (ex-PS, La force du 13), son illustre prédécesseur, n’était vraiment qu’un mécréant !
Martine entend des voix Mais la très pieuse Martine Vassal ne s’arrête pas là. Elle promet également 10 millions d’euros de plus pour la dotation de fonctionnement des collèges privés, faisant grimper la douloureuse à 130 millions d’euros entre 2018 et 2020. Ce qui semble poser néanmoins un problème de conscience à la présidente du Département. « Les dotations doivent respecter un principe de parité [avec le public]. Elles sont donc encadrées par la loi. Toutefois, le Département souhaite fixer l’assiette des dotations en concertation avec l’enseignement privé », confesse le document…
Car Martine Vassal est déjà généreuse. Inquiétée par la justice dans le cadre de l’attribution en 2013 à Veolia de la gestion du service de l’eau sur la communauté urbaine de Marseille, depuis son élection en 2015 elle a déjà ouvert aux nécessiteux des collèges privés les « séjours sportifs, éducatifs et de loisirs » financés par le Département hors du cadre scolaires. Si des services de la collectivité, comme celui de l’aide sociale à l’enfance qui se battent pour quelques postes (Lire notre enquête « l’aide à l’enfance en souffrance » dans le Ravi n°155 actuellement en vente), ou certaines associations qui voient leurs subventions chuter, risquent de tousser en découvrant la générosité de leur présidente avec l’enseignement privé, espérons que Martine Vassal y gagne son paradis. Ou au moins des voix pour les prochaines élections départementales.
Jean-François Poupelin
N.b. Le Département n’a pas donné suite à nos sollicitations.
Article rédigé pour le www.leravi.org, publié le 13/10/2007