Une marche des cobayes face aux crimes industriels et environnementaux
Le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) montre que 9 personnes sur 10 respirent un air contenant des niveaux élevés de polluants. Les dernières estimations révèlent aussi que 7 millions de personnes meurent chaque année à cause de la pollution. C’est ainsi qu’un décès sur six dans le monde est causé par la pollution.
Pour toutes ces raisons et face à l’épidémie de scandales sanitaires et des maladies liées à des facteurs environnementaux, nous avons décidé d’organiser une marche baptisée « Vérité et justice pour la santé environnementale » qui s’est lancée le 1er mai de Fos-sur-Mer (13) pour arriver à Paris le 30 juin et s’achever devant le Parlement européen le 3 juillet. Cette marche est portée et soutenue par plus de 150 associations, collectifs de citoyens, personnalités scientifiques et culturelles et élus.
La Marche a traversé l’ensemble de la région provençale en démarrant à Fos où a été salué le rôle moteur des citoyens face à l’inertie des pouvoirs publics pour alerter sur les conséquences sanitaires des différentes sources de pollutions et sur leurs effets combinés (de l’étude épidémiologique de Fos Epseal à l’étude de l’Association de protection et de défense du littoral du golfe de Fos sur les aliments en passant par le remarquable travail de l’institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions) sur un territoire où les populations locales semblent être sacrifiées.
Elle a traversé l’étang de Berre où les enjeux d’éco-reconversion de cette zone pétrochimique en pôle de chimie verte ont été évoqués. Elle a fait étape à Bouc-Bel-Air sur le site de Mange Garri où sont entreposés sans aucune précaution pour les populations riveraines les résidus solides des boues rouges de l’usine d’alumine Altéo de Gardanne (13) avant de s’arrêter devant le CEA de Cadarache pour évoquer le sort funeste réservé aux sous-traitants du nucléaire et les risques sur l’environnement des projets de recherche Iter et Jules Horowitz.
Une rencontre bouleversante a aussi eu lieu avec les salariés de l’usine chlorochimique Arkéma à Saint-Auban (04) qui nous ont raconté les conditions de travail sur place il y a encore quelques années avec des salariés pataugeant dans le mercure et respirant de l’amiante (il y a des dizaines de morts déjà recensés par Caper 04 et des centaines de dossiers de victimes en cours d’instruction). La confédération paysanne a aussi alerté les "cobayes" sur l’arrosage aux pesticides des arbres (pommiers notamment) de la vallée de la Durance. Enfin, une halte et une rencontre avec les salariés de Sanofi à Sisteron (05) a eu lieu pour évoquer les dérives de la Big-pharma, l’influence du lobby pharmaceutique et l’isolement des victimes d’accidents médicamenteux.
Les crimes industriels et environnementaux doivent être punis à la hauteur des catastrophes collectives qu’ils engendrent. Ce doit être à l’industriel d’apporter la preuve de l’innocuité des produits auxquels il nous expose et non à la victime de prouver le lien de causalité entre sa pathologie et le produit suspect.
Le crime industriel doit devenir une infraction pénale reconnue comme une catastrophe collective, organisée de façon consciente, avec en circonstance aggravante, un nombre important de victimes. En France, on ne peut aborder ces scandales sanitaires que sous l’angle de l’« homicide involontaire », ce qui limite considérablement les peines.
Nous voulons en finir avec ces serial killers cancérogènes que sont l’amiante (aujourd’hui interdite), les pesticides, les produits toxiques en tout genre présents dans les sols, l’air ou la malbouffe comme les additifs alimentaires dangereux pour la santé.
Nous ne voulons plus mourir empoisonnés, ni être des cobayes des multinationales !
En savoir plus : marchedescobayes.org
Tribune publiée dans le Ravi n°163, daté juin 2018