Un dauphin échoué à Bruxelles
Renaud Muselier aime à le rappeler : il a été désigné par ses pairs comme l’un des trois meilleurs élus de la commission transport du parlement européen. La réalité est pourtant plus cruelle : le classement des députés européens français du Mouvement européen (voir ci-contre) place l’éternel dauphin de Jean-Claude Gaudin avant-avant dernier, 72ème sur 74. Juste devant l’insoumis Jean-Luc Mélenchon et l’anti-européen Jean-Marie Le Pen…
Non sans raisons : le président LR de la Région n’a participé qu’à 68,04 % des votes en commission et en séance plénière et n’a suivi qu’une petite poignée – quatre – de propositions législatives. Pire, il n’a été rapporteur d’aucune d’entre-elles et a participé à tout juste la moitié des votes clés du mandat (10 sur 19). Résultat, s’il a voté pour l’interdiction du glyphosate (en 2022), il ne s’est prononcé ni sur l’adhésion à la convention sur la prévention et la lutte contre les violences faites aux femmes, ni sur la promotion des énergies renouvelables et encore moins sur l’adoption de sanctions contre la Hongrie du grand démocrate Viktor Orban. A chacun ses priorités…
Le député européen ne cache d’ailleurs pas les siennes. Lors de la présentation de son bilan, début avril, son principal fait d’arme mis en avant a été les 3,3 milliards de fonds européens levés pour la région depuis l’élection de Christian Estrosi à la tête de la collectivité, en 2015. Du côté du Mouvement européen, on lui trouve aussi des excuses. Tout en reconnaissant que « sur le plan déontologique, il aurait pu démissionner lors de son élection à la présidence de la Région », Claude Reynoird, le référent Sud Est du mouvement, estime que « [ce mandat] est une circonstance atténuante ». Car évidemment très prenant.
Une mansuétude qui n’est pas forcément partagée. Lobbyiste à Bruxelles (le Ravi n°161), Frédéric Poitou porte « un regard très critique sur Renaud Muselier ». Sollicité en 2015 sur le dossier du rejet des boues rouges dans les calanques par l’usine Alteo de Gardanne pour appuyer auprès du gouvernement Valls une opposition à la prorogation de l’exploitation d’alumine, le député européen l’a gentiment ignoré. « Je pensais qu’il me recevrait mais ses assistants m’ont finalement expliqué qu’il était trop pris par la campagne des élections régionales. » Au moins l’absentéisme de Muselier, en réduisant ses déplacements, aura amélioré son empreinte carbone…