Traditions marseillaises
Le Vieux Port de Marseille va-t-il perdre sa nouvelle coqueluche ? Débarqué l’été dernier quai d’honneur sur sa barquette marseillaise en marinière et bonnet d’époque pour vendre des savons de fabrication traditionnelle, Rafik Gharbi, aka « le fada de Marseille », a de plus en plus de mal à exercer son activité.
Devenu une véritable attraction touristique en quelques mois – le Marseillais de 36 ans aime raconter l’histoire du savon à Marseille au point que certains l’imaginent payé par la mairie ! – et malgré toutes les autorisations nécessaires, cet ancien courtier en assurance a l’impression que des courants inhospitaliers cherchent à torpiller son commerce. Depuis son premier amarrage, sa barquette a progressivement dérivé quai des Belges, puis quai du port, derrière les croisiéristes et les marchés (aux fleurs, estival). Pire, début mai, la direction des ports, qui dépend de la Communauté urbaine de Marseille (Cum), a décidé de l’envoyer quai de Rive Neuve. Un quai inaccessible au public jusqu’au théâtre de la Criée… « Il est trop haut pour ma barquette et les touristes n’y vont pas », dénonce encore Rafik Gharbi, qui n’a pour l’instant pas obtempéré.
Sabordage de la mairie ?
Un acharnement que le commerçant met sur le dos d’une concurrence bien en cour à l’hôtel de ville. La mère du PDG d’une société qui a pignon sur rue dans le savon travaille en effet au cabinet du sénateur-maire UMP de Marseille. L’intéressé se défend de toute mauvaise intention : « J’ai trois magasins et des vendeurs, on ne joue pas dans la même catégorie. Si j’avais voulu éliminer la concurrence, j’aurais demandé à être seul, et on est six sur le Vieux Port ! » « Le plan d’eau n’est pas à finalité commerciale », tranche de son côté Martine Vassal, adjointe aux emplacements de Jean-Claude Gaudin au moment de l’installation de Rafik Gharbi.
A la Cum, on se contente de rappeler l’accord – place de type « passager », interdiction d’occuper le terre-plein et déplacement en fonction des événements sur le plan d’eau – et de renvoyer vers la ville. Selon le service de presse de la Communauté urbaine, cette dernière a exigé que Rafik Gharbi n’exerce pas sur le quai du port afin de ne pas faire concurrence aux forains. La raison : ces derniers paient « une redevance d’occupation supérieure » au « fada ». Auquel, curieusement, personne n’a proposé de s’aligner…
Jean-François Poupelin