Tap dans ta gueule
C’est un rapport qui tombe des mains. De ceux qui l’ont écrit comme de ceux qui le lisent, avec un titre long comme un jour sans cantine : « Mission d’information et d’évaluation sur les activités éducatives et de soutien scolaire organisées à l’intention des élèves des écoles publiques pendant les temps périscolaires par la ville de Marseille ou avec son soutien ». 37 pages, le fruit de cinq séances expédiées avant Noël. Un document où il est écrit que « la priorité de la Ville porte principalement sur l’intérêt de l’enfant qui reste au centre de ses préoccupations », Gaudin ayant, c’est bien connu, à cœur d’ « offrir des conditions d’accueil optimales aux petits Marseillais ».
Pas grand chose dans ce rapport dont le but est de dénoncer le coût – 45 millions d’euros sur deux années – d’une réforme à laquelle la ville a tout fait pour s’opposer avant de traîner les pieds pour l’appliquer. Comment s’étonner alors que si une infime minorité a pu faire de la « musique », du « théâtre », de la « danse », l’écrasante majorité a eu droit à du « multi-activité » ? Ou que « moins de 30 000 enfants » parmi les 50 000 inscrits (sur 75 000 au total) aient effectivement participé aux Tap.
Quand le rapport ose relayer les critiques de Séverine Gil, de MPE 13, dénonçant la « pauvreté dans l’offre des activités périscolaires par rapport aux attentes des familles », c’est immédiatement pour citer un autre parent d’élève fustigeant, lui, les « demandes diverses et peu réalistes des parents ». Et la ville d’enfoncer le clou : « Si ces activités collectives doivent progresser dans leur contenu, il ne sera pas possible de proposer un programme spécifique pour chaque enfant ». En clair : « Si l’objectif qualitatif auquel s’attache la Ville peut viser une meilleure approche dans la découverte d’un sport, d’une sensibilisation artistique, d’une diversification harmonieuse de l’offre d’activités, en aucun cas les [Tap] ne sont prévus pour une pratique régulière qu’elle soit sportive, culturelle, autre et qui soit conforme à celles qui peuvent être dispensées sur des temps extrascolaires. »
Pas à un paradoxe près, le document relaie l’enthousiasme d’une directrice d’école disant sa « chance de travailler avec une petite association ». Avant de mettre en avant « les partenariats prometteurs pour mettre en place des activités ludiques et attrayantes », citant là… « l’Ifac qui met l’accent sur la formation des animateurs » et le recrutement en « CDI » : une « dimension essentielle car il s’agit d’un point incontournable à faire évoluer à la fois pour la stabilité du dispositif, pour la qualité des interventions et par voie de conséquence pour l’épanouissement des enfants ».
Alors qu’un nouvel appel d’offres vient d’être lancé, nul doute qu’au prochain conseil municipal, il va y avoir du sport, l’opposition ayant d’ores et déjà prévu de profiter de ce rapport pour discuter, au-delà des Tap, de la situation des écoles…
Sébastien Boistel
Pour en savoir plus, lisez l’enquête « Quand Gaudin joue avec nos enfants » sur la gestion des activités périscolaires par la ville de Marseille, dans le numéro du Ravi, daté février, chez les marchands de journaux à partir de ce vendredi 5 février. Et chez vous si vous abonnez aujourd’hui en ligne en cliquant ici !