Stéphane Bouillon emplâtré
Amen. Après moult péripéties, l’usine gardannaise Alteo, premier producteur mondial « d’aluminium de spécialités », a été autorisée à prolonger ses « rejets liquides » en pleine Méditerranée – et au cœur du parc national des Calanques – pour 6 ans. Autorisation délivrée en fin d’année par le préfet de région Stéphane Bouillon. Et ne prononcez surtout plus « boues rouges », ces fameux résidus bourrés d’arsenic, de thorium, de plomb… déversés salement depuis 1966 au large de Cassis. Car « 99 % » des déchets seraient désormais éliminés selon l’entreprise qui continuera à stocker les « déchets solides » dans une décharge à ciel ouvert sur la commune de Bouc-Bel-Air. L’usine (ex-Péchiney puis Rio Tinto) savait pourtant depuis presque 20 ans que la loi l’obligerait à stopper ces rejets.
Le pauvre préfet Bouillon prend pour tout le monde. Le représentant de l’Etat affirme que cette décision exprime « la position du gouvernement ». Plus précisément celle du Premier ministre et du ministère de l’économie, réceptifs au chantage à l’emploi qu’Alteo a savamment entretenu : 400 postes étaient menacés et 250 indirectement. En face, le ministère de l’Environnement et Ségolène Royal étaient de farouches opposants à cette prolongation. Comble de la blague, le préfet a annoncé sa décision avant la publication par l’agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) d’un complément d’étude demandé par la ministre concernant l’impact des rejets sur les jolis petits poissons de la rade : un rapport qui confirme la contamination. « Un permis de polluer » pour tous les opposants à cette décision. Alteo 007.
Clément Chassot