Spécial municipales 2014
Parité, mon cul !
Même si la loi impose des listes paritaires, il est certain que, fin mars, la très grande majorité des maires en Paca ne portera toujours pas de soutien-gorge.
« Ma première élection date de 1977, vous voyez je n’ai pas été élue grâce à la parité ! », note Josette Pons, députée de la 6ème circonscription du Var, conseillère générale, et candidate UMP parachutée à Brignoles (83). Mais l’élue, maire de St Cyr-sur-Mer de 1985 à 1989 et maire du Beausset de 1995 à 2002, reste tout de même une exception dans le paysage politique local. Car même si, depuis 2000, toutes les communes de plus de 3500 habitants – seuil abaissé aux communes de plus de 1000 habitants cette année – ont l’obligation de présenter des listes paritaires, peu de femmes occupent finalement le siège de premier magistrat.
Au niveau national seulement 13,8 % des communes sont gérées par des femmes. En Paca, hormis les Hautes-Alpes (05) qui feraient presque figure de « bon élève » avec 17,2 %, tous les autres départements sont en-dessous de la moyenne. Les Bouches-du-Rhône sont bonnes dernières avec seulement 6,8 %. Aix-en-Provence (13), Gréasque ou encore Cassis font figure d’exception. A Marseille si femme rime avec maire, elle rime surtout avec secteur. Et ce n’est pas en 2014 que ça changera puisque les primaires socialistes ont écarté Carlotti et Ghali, têtes de liste, soit, mais uniquement dans leurs secteurs (3ème et 8ème). « Pourtant sans la parité, vous n’auriez pas le nombre de femmes que vous pouvez trouver aujourd’hui sur les listes !, justifie Samia Ghali. Mais être tête de liste ça ne se décrète pas. Il faut qu’il y ait une existence territoriale derrière. »
Cantonnées aux sujets « féminins »
Une « légitimité » qu’Elsa Di Méo, 32 ans, candidate tête de liste PS à la mairie de Fréjus (83) a acquise avec les années. Conseillère d’opposition depuis 2008 et conseillère régionale depuis 2010, elle avoue que si, a priori, elle n’est pas pour les quotas, ce sont ses douze ans de militantisme qui l’ont rendue féministe. « Je pensais naïvement que seules les compétences comptaient en politique et je me suis aperçue que non seulement la misogynie prime mais qu’une femme doit travailler deux fois ! » précise l’élue pour qui la parité est « hélas une étape intermédiaire ». Et d’ajouter : « Après il ne faudrait pas que l’on nous cantonne à des sujets dits « féminins », il faut aussi que les élues aient les finances, les travaux, les marchés publics bref le nerf de la guerre quoi ! »
Si certaines édiles en poste sont aussi douées que les hommes pour les casseroles (Joissains à Aix-en-Provence, Tabarot au Canet (06)…), pour Josette Pons, « le rapport est pourtant moins dans le pouvoir pour le pouvoir mais plus dans la fonction et l’engagement, c’est d’autant plus vrai lors des élections locales ». Pour Samia Ghali, c’est la gestion au quotidien qui est différente, les femmes étant souvent aussi mères de famille : « J’organise des réunions le midi plutôt que le soir et je vais à l’essentiel. Ça "dérobotise" la fonction et ce n’est pas plus mal. » Et même si pour Elsa Di Méo, c’est aux femmes de s’adapter au poste et non l’inverse, elles doivent tout de même veiller à « ne pas se fondre dans le même moule que les hommes… au risque de finir comme eux ! »
Samantha Rouchard