Sodexo : les carottes à la javel avant des coups de bâtons ?
« La rentrée s’est déroulée dans les meilleures conditions », fanfaronne Jean-Claude Gaudin sur son site Internet. Si on excepte quelques centaines d’élèves sur le carreau faute de classes et de groupes scolaires assez nombreux dans la seconde ville de France, une tradition locale, le tableau (noir) aurait pu être, une fois n’est pas coutume, un peu moins catastrophique pour le maire LR de Marseille.
Sauf que dès le lendemain de la rentrée, le mardi 5 septembre, la Sodexo a fait rugir certains parents d’élèves. Dans une quinzaine d’écoles, leurs chères têtes blondes ont eu au menu des carottes en persillade (plat surgelé) « à l’eau de javel », selon le témoignage de plusieurs enfants. « Elles avaient une odeur inhabituelle », reconnaît le service de presse de la ville, qui s’est empressée de faire remplacer les fameuses carottes par les betteraves en conserve, une entrée de secours. Certainement une farce de « Cuisto Rigolo », la mascotte de la Sodexo !
Réponse aseptisée Si des analyses sont en cours (résultats la semaine prochaine), selon les parents d’élèves la multinationale des « services de qualité de vie », défense de rire, assure qu’il « n’y a rien de grave » et renvoie le problème à son fournisseur. Et son service de « com. » de jurer au Ravi, dans un communiqué aussi aseptisé que ses carottes : « La sécurité, la satisfaction et la confiance des élèves et de leurs familles étant notre priorité absolue, nous mènerons le plan d’actions nécessaire pour que cet événement ne se reproduise pas. » Et pour cause ! Après les vers dans le riz bio et les chenilles dans la salade, l’affaire tombe au plus mal alors que la juteuse délégation de service public (45 000 repas par jour, 140 millions d’euros sur sept ans, un record en Europe) arrive à son terme dans un an.
Si l’affaire promet une nouvelle fronde des parents d’élèves contre le renouvellement de la DSP, l’amitié de Gaudin avec la famille Bellon, les fondateurs de la Sodexo, semble indéfectible : après tout ce sont des patrons du cru, bien plus locaux que ce qui est servi dans les assiettes des élèves marseillais…
Jean-François Poupelin
Article rédigé pour le www.leravi.org, mis en ligne le 08/09/2017