Salade niçoise sauce Estrosi
L’homme qui annonçait une « troisième guerre mondiale » menée par « une cinquième colonne islamiste », jamais avare d’une surenchère sécuritaire pour tenter de séduire les électeurs d’extrême droite, a donc été élu président de Provence-Alpes-Côte d’Azur avec l’appui massif des électeurs de gauche. Le même martèle désormais que « plus on va à droite, plus on fait monter le FN », parti qu’il qualifie « d’héritier du pétainisme ».
Face à Jean-Christian Moulin-Estrosi et à sa majorité absolue de 81 conseillers régionaux de droite, suite au retrait volontaire du PS et à celui, contraint, de la liste « coopérative » fédérant écologistes et Front de Gauche, la seule opposition sera incarnée, durant les six prochaines années, par 41 élus d’extrême droite. Avec 45 % des suffrages exprimés, le FN réalise en Paca son meilleur score national.
Et maintenant ? La salade niçoise régionale à la sauce Estrosi est-elle un incident de parcours ou bien préfigure-t-elle des changements plus radicaux ? Combien de temps encore le réflexe « républicain » parviendra-t-il à faire obstacle à un Front national qui diffuse ses thèses dans la société française, jusqu’au plus haut sommet de l’Etat ?
Avec 40 % d’abstention au second tour et 8 % de vote blanc ou nul, près d’un électeur sur deux n’a pas souhaité choisir entre Estrosi ou Marion Maréchal (nous voilà) Le Pen… Tous ceux-là retrouveront-ils le chemin des urnes ? Préfèreront-ils « faire politique », s’occuper du bien commun, hors du cadre usé des partis et des rendez-vous électoraux ? Ou bien laisseront-ils, tout simplement, d’autres décider pour eux de l’avenir ?
Michel Gairaud