Quelques étoiles dans les ténèbres
Jean-Marie Le Pen 74ème sur 74, Jean-Luc Mélenchon 73ème, Renaud Muselier 72ème. Sans compter les ennuis judiciaires du premier dans l’affaire des assistants parlementaires du FN (1), Paca offre au classement des députés européens français du Mouvement européen, une association pro-européenne, un joli triplé de cancres ! Pire, c’est une autre frontiste, la Niçoise d’adoption Marie-Christine Arnautu, qui est la mieux placée des régionaux, avec une 16ème place.
Construit sur la présence en commission et en séance plénière à partir des données du parlement européen, le palmarès ne prend cependant pas en compte l’activité parlementaire dans sa globalité. Si cela ne change rien pour le trio infernal, qui n’a pas plus travaillé qu’il n’a voté, ça fait grincer quelques dents. Classée 46ème et élue Front de gauche, Marie-Christine Vergiat a rapporté une proposition législative et en a suivi 59 au nom de son groupe pendant le mandat (2). Presque trois fois plus que Marie-Christine Arnautu, qui n’en a de plus présentée aucune. « Il faut entrer plus dans le détail, plaide aussi l’écolo Michèle Rivasi (59ème), une Drômoise très présente en Paca et en lice pour un troisième mandat. J’ai fait de nombreux déplacements au titre de ma vice-présidence de la délégation paritaire UE-ACP (Afrique Caraïbes Pacifique) qui n’ont pas été pris en compte. » Même critique du côté de Marie-Pierre Vieu, une communiste qui a succédé à Jean-Luc Mélenchon après son élection à l’assemblée nationale : « J’ai passé beaucoup de temps sur le terrain aux côtés des acteurs du mouvement social notamment, j’en ai aussi consacré à un audit sur la libéralisation des services publics, tout ça n’est pas pris en compte. »
Des arguments auxquels pourrait être sensible Claude Reynoird, coordinateur du Mouvement européen Provence. « Attention, les députés européens travaillent. Ils passent beaucoup de temps au parlement, en commission, mais aussi en circonscription, pour des réunions ou des sollicitations », explique ce haut fonctionnaire à la retraite. Mais de citer essentiellement des femmes parmi les bons élèves de l’euro circonscription du Sud Est : « Mmes Grossetête (LR), Rivasi (EELV), Vergiat (PCF), Guillaume (PS) » : « Peut-être parce qu’elles n’exercent aucune fonction exécutive, aucune ne sont maire ou présidente d’une collectivité. »
Une bienveillance qui laisse Frédéric Poitou de marbre. Chimiste de formation et de profession, il partage son temps entre le pays d’Aix et Bruxelles, où il exerce l’activité de lobbyiste pour des associations sur des questions environnementales ou de développement. Des sujets pourtant suivis par Michèle Rivasi (3). « Dans mes domaines d’activité, franchement je n’ai pas été aidé, assure ce libéral européen, proche de la République en Marche. Mais je suis plus attaché aux compétences qu’aux députés et ceux de Paca ne sont pas plus importants que les Allemands ou les Italiens. »
Autre mauvais point pour les eurodéputés du sud-est pour ce proche des libéraux européens et d’En Marche ! : leur absence des postes clés du parlement. « Un truc qui se mesure, ce sont les présidences et vice-présidences de commission ou de coordinateur de groupe en commission ou session », explique Frédéric Poitou. Et de tacler : « En général, ce sont des gens reconnus pour leurs compétences. Mais en France on envoie des tocards ou des cumulards plus préoccupés par d’autres élections. »
Difficile de lui donner entièrement tord. Pour ne citer qu’eux, Renaud Muselier a préféré la région Paca et la tête de liste PS aux Européennes en 2014 étaient l’ancien ministre de l’Education Vincent Peillon.
1. Egalement soupçonné d’avoir utilisé les moyens de l’UE pour rémunérer des permanents politique de son parti, JL Mélenchon n’est pas mis en examen, au contraire de JM Le Pen.
2. Marie-Christine Vergiat, comme Marie Christine Arnautu, n’a pas donné suite aux sollicitations du Ravi.
3. Les députés européens de « Paca » ont consacré leur activité à deux domaines essentiellement : les transports et les politiques migratoires.