Quand le FN prend le pouvoir
Il faut parler du Front national. Nous comptons pourtant parmi ceux qui trouvent que ce parti fait trop souvent la « Une » des journaux télévisés, radiodiffusés ou imprimés. Mais c’est parce que le traitement médiatique consiste, la plupart du temps, à relayer sans recul les petites phrases des personnalités d’extrême droite où à chroniquer la toute dernière péripétie du mauvais roman familial du clan Le Pen.
Il n’empêche. De scrutin en scrutin, abstention aidant, le FN est le parti qui mobilise le plus d’électeurs au premier tour. Aux régionales, il a battu tous les records en Paca, région où, depuis 2014, il détient le plus grand nombre de mairies. Six maires FN, auxquels il faut ajouter les deux villes aux mains de l’extrême droite façon Bompard dans le Vaucluse, c’est à la fois peu et beaucoup. C’est surtout trop.
Il faut donc enquêter sur l’usage que le Front national fait du pouvoir lorsqu’il s’en empare. Même s’il avance en mode mineur, soucieux de se « de-diaboliser », entravé par des lois et des institutions que d’autres élus « républicains » ne cessent de détricoter, le premier bilan est déjà édifiant : obsession xénophobe et sécuritaire, mépris des plus pauvres, haine de la culture, clientélisme…
Il faut parler du FN car il s’emploie sans cesse à faire reculer les limites. Comme Stéphane Ravier, le sénateur-maire FN déterminé à mettre au pas l’espace Busserine, l’un des rares équipements culturels des quartiers Nord de Marseille. Comme ces jeunes frontistes venus à Toulon crier leur haine des étrangers pour rompre un « Cercle de silence » organisé par la Ligue des droits de l’homme en solidarité avec les migrants et sans papiers. Il faut parler du FN. Encore et encore.
Michel Gairaud