Pour que vive la presse citoyenne
Le 21 novembre dernier, le Ravi se déclarait en cessation de paiement. Symbole d’une presse régionale libre et indépendante, il est devenu en dix ans d’existence un maillon essentiel de la démocratie dans les territoires de la région Paca. Au-delà de la situation propre du Ravi, c’est bien de l’existence d’un véritable pluralisme de la presse en région dont il s’agit ici.
Comme les autres secteurs de la presse, les médias citoyens doivent affronter la crise. Nombre d’entre eux sont au bord de l’asphyxie mais ils ont le courage de réinventer peu à peu leurs modèles, ensemble. C’est la raison d’être du réseau Médias Citoyens. Et à l’heure où les collectivités abondent les plans de sauvetage des titres de la presse quotidienne régionale, où elles maintiennent en vie des télévisions locales, nous ne comprendrions pas pourquoi elles ne soutiendraient pas des médias citoyens, outils de l’intérêt général et acteurs d’une économie sociale et solidaire à dimension humaine.
Pourtant la presse citoyenne, associative, coopérative, d’intérêt général reçoit beaucoup moins d’aide publique que la presse à vocation commerciale. Tandis que sept magazines de programmes de télévision cumulent à eux seuls près de 25 millions d’euros d’aide publique, 650 radios associatives se partagent moins de 29 millions d’euros ! Pour les autres médias de l’économie sociale et solidaire, il n’existe aucune aide structurelle. Avec les radios associatives, ils sont pourtant les garants, dans la proximité, d’un exercice libre et indépendant de la presse. Ils sont pourtant les vecteurs du développement démocratique, du lien social, de l’éducation populaire, de l’intelligence collective. Ils sont l’expression, la mémoire et la valorisation des territoires, de leurs patrimoines et de toutes leurs cultures.
Face au recul constant des idées et des processus démocratiques dans nos régions et à l’heure du développement numérique, il est aisé de comprendre l’avantage que l’on pourrait avoir à favoriser un maillage territorial par une presse citoyenne. Les médias guident notre représentation du monde. Pour que se développe un monde juste, solidaire et démocratique, il faut que les médias le soient aussi. C’est pourquoi leur soutien doit être un acte politique fort. Les aides à l’ensemble de la presse pour le maintien de son pluralisme sont plus que jamais nécessaires, il en va de nos équilibres démocratiques. C’est pourquoi il est aussi urgent de les ouvrir à l’ensemble des médias citoyens.
Thierry Borde