Pour ou contre les primaires « citoyennes » du PS à Aix et Marseille ?
Pour
Je le reconnais, c’est maladif. Seul un lacanien pourrait dévoiler les causes profondes de ma pathologie : mais lorsque je vois une urne, je ne peux pas résister à l’envie de glisser dans sa fente un bulletin de vote. J’ai cédé à cette pulsion torride pour la primaire sélectionnant le candidat socialiste lors de la présidentielle. Et je sens bien que mes nerfs vont encore lâcher. Oui, je vais participer à la primaire « citoyenne » organisée par le PS à Aix-en-Provence et Marseille.
J’ai beau lire les excellentes enquêtes du Ravi (cf l’excellente enquête signée Sébastien Boistel dans le numéro daté octobre [actuellement chez les marchands de journaux->http://www.leravi.org/spip.php?rubrique6]). J’ai beau connaître les risques, faute de participation et de surveillance suffisante, de bourrage des urnes ou de plébiscite du candidat ayant su le mieux mobiliser ses clientèles. J’ai beau penser que la véritable primaire citoyenne, celle ouverte à toute la gauche et aux écologistes, aura lieu au premier tour des municipales. J’ai beau m’interroger sur le CV d’une bonne partie du casting. J’ai beau penser que la bataille pour la démocratie se joue souvent hors du champ de la politique traditionnelle et des élections.
Rien n’y fait ! Avoir son mot à dire sur celle ou celui qui, au second tour, ira affronter Jean-Claude Gaudin et Maryse Joissains me semble un progrès. Comme l’est l’implication de militants et de citoyens dans le choix de candidats autrefois désignés d’en haut. L’UMP annonce qu’elle va elle aussi se mettre aux primaires : Je bous d’impatience !
Michel Gairaud
Contre
Avant même de se poser la question de l’utilité des « primaires citoyennes » socialistes organisées ce mois-ci, il est intéressant de s’interroger sur le sens d’un vote socialiste tout court, singulièrement à Marseille. Car voter PS dans la cité phocéenne, pour n’importe qui se prévalant d’être de gauche, donne un goût amer à la sortie de l’isoloir. L’affaire Guérini en cours d’instruction ou la condamnation plus récente de Sylvie Andrieux font planer sur le débat politique local un épais voile de clientélisme, de corruption, bref d’arnaque de citoyens en règle. Et les six candidats en lice à l’investiture ont été plus ou moins proches du seigneur Guérini, qui les « a tous faits».
Alors oui, les Hommes changent. Encore heureux. Mais la soif de pouvoir ne quitte généralement pas ces poids-lourds qui ont vécu uniquement (ou presque) de la politique au cours de leur vie. Aux universités d’été du PS à la Rochelle où j’étais invité pour parler de mes enquêtes sur l’extrême droite dans le Vaucluse, lorsque j’évoquais avec certains jeunes socialistes le cas de Marseille, ils esquissaient souvent un sourire, l’air de dire « Marseille, c’est Marseille », quelque chose de folklorique… Sauf que rien ne tout ça n’est très rigolo.
Ouvrir les primaires aux autres mouvements de gauche aurait peut-être été un moyen de sortir de ce microcosme, d’élargir le débat et d’éviter cette grande opération de communication socialiste. Caramba, encore raté.
Clément Chassot