Pour ou contre l’augmentation des taxes sur le diesel
POUR
Pour que les écolos et le lobby pétrolier soient d’accord, c’est que le sujet doit être consensuel. Et pourtant, rien ne terrifie plus le gouvernement que d’aligner la fiscalité du diesel sur celle de l’essence, malgré le magot que cela pourrait rapporter : près de 7 milliards d’euros par an. Harlem Désir, le patron du PS, estime qu’ « il ne faut pas créer de prélèvement supplémentaire » tandis que le redresseur productif en chef, Arnaud Montebourg, pense que cela pénaliserait les deux constructeurs automobiles français, en pointe sur les moteurs diesel. Les particules fines qu’ils rejettent causent tout de même 40 000 décès par an. Mais le problème est aussi économique : la France raffine trop d’essence et pas assez de diesel qu’elle importe massivement. Cette dépendance au gazole (70 % des immatriculations l’an passé) creuse sévèrement le déficit commercial : en 2010, le poids de la facture énergétique française était de 47 milliards d’euros. Voilà pourquoi l’UFIP (Union française des industries pétrolières) milite pour une indexation des prix des hydrocarbures à la pompe afin d’inciter la consommation d’essence. La pente paraît insurmontable. A moins que nous réfléchissions profondément à nos modes de déplacements très énergivores. Mais c’est mal parti et c’est la cour des comptes qui le dit : « les dépenses de l’Etat ne contribuent pas à favoriser la transition énergétique. »
Clément Chassot
CONTRE
« Tu roules avec un véhicule diésel ? Alors, assume ! » Et voilà, parce qu’on a eu le malheur de choisir un Berlingo pour transporter sa petite famille, comment on se retrouve à réaliser l’impossible : signer une chronique contre le projet d’augmenter les taxes sur le gazole. Déjà, il faut parfois assumer de « génocider » les piétons en allant faire ses courses à la Biocoop ou en partant en balade dans les calanques. Ensuite, impossible de nier que les 18 centimes de moins à la pompe, sont un argument qui porte à l’achat. Mais comme maintenant, c’est le changement, nous serions, pauvres pécheurs, condamnés à applaudir avec enthousiasme au coup de matraque fiscal. Même Delphine Bathot est pourtant consciente de la nécessité « de mesures d’accompagnement et de justice sociale » pour atténuer l’impact d’une hausse du diesel. Et quelle mesure propose la ministre de l’environnement ? Une aide à l’achat de véhicules moins polluants ! La bagnole pour nous sauver de la bagnole ! C’était donc çà le super plan : relancer l’industrie automobile, l’éternel moteur de l’éternelle croissance… Pas question de signer un chèque en blanc à Total, la famille Peugeot et compagnie. Mais oui, je suis prêt à payer plus cher le plein ! A condition que chaque centime gagné sur le gazole soit investi dans les transports en commun…
Michel Gairaud