Partis politiques : état de recomposition avancée
A gauche, c’est la crise finale ! La défaite au Sénat n’en est qu’un épisode de plus. La Haute Assemblée avait basculé à gauche en 2011, pour la première fois dans l’histoire de la Vème République. Son retour à droite indiffère pourtant le tandem Hollande-Valls. C’est que la nouvelle majorité pourrait in fine leur apporter un soutien moins compté que la précédente, indocile, qui additionnait communistes, écologistes et radicaux de gauche.
Le Front de gauche est au bord de l’explosion, tiraillé entre des stratégies électorales qui opposent le PCF, replié sur ces rares bastions, et le petit parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, qui préfère désormais s’adresser directement au « peuple » plutôt que par l’intermédiaire de son propre parti. Le NPA est redevenu clandestin et inaudible. Les écologistes sont toujours divisés vis-à-vis des compromis utiles, ou non, à faire avec le PS. Les partisans d’une « Nouvelle Donne » se cherchent encore et il n’y a pas en France d’initiative citoyenne du type « Podemos »…
A l’UMP, Nicolas Sarkozy bénéficie du goût des militants pour l’homme providentiel. Mais hors du parti, son retour en politique, alors qu’il est lié à de nombreuses affaires, enthousiasme peu. Le cœur de la droite balance entre l’envie de fraterniser avec son extrême et celle de rebâtir un projet sur des bases plus républicaines. Une franche hostilité – sur le mode « qu’ils dégagent tous ! » – est l’opinion la mieux partagée à l’égard des partis. L’horizon est donc dégagé pour un FN toujours minoritaire mais qui, lui, réussit encore à mobiliser toutes ses troupes.
Pour remonter, il faut parfois d’abord toucher le fond. Nous y sommes. La grande recomposition qui débute dépasse les cadres partisans : l’enjeu c’est notre capacité à s’associer pour prendre en main un destin commun, c’est celle à pouvoir refaire ensemble « politique ».
Michel Gairaud