« Notre majorité est unitaire, alors que vous… »
17H46
Max Piselli, maire UMP, cheveux blancs impeccables et costume gris, trône déjà sur son fauteuil en cuir et surplombe les conseillers municipaux qui arrivent par nuées.
17H50
L’adjoint au sport, Stéphane Plouard , maillot rayé, serre les mains de quinquas lookés à la Domenech, cheveux grisonnants, costumes trois pièces et lunettes high-tech, qui composent le premier rang du public.
17H52
Danielle Desprez, 3ème adjointe en charge de l’hygiène publique, fait fi des microbes hivernaux et embrasse généreusement ses collègues.
17H54
L’opposition fait son entrée… enfin ce qu’il en reste ! Depuis sa dernière défaite en 2008 Christian Martin (PS), chef de file de la liste « une ville pour tous » et ancien maire de 1995 à 2001, ne participe plus aux conseils municipaux et laisse procuration à son chargé de com, Claude Saumier (non encarté) qui s’installe seul en bout de table, à deux chaises vides de Jacqueline Pozzana (PS), elle-même pas franchement copine avec Patrick Seror, responsable de la section PS de Draguignan.
18H01
Olivier Audibert-Troin (OAT), 1er adjoint et grand gagnant des législatives investi par l’UMP (40, 53%) contre Piselli en dissident (éjecté au 1er tour avec seulement 5,38 %), brille par son absence. Son agenda de député au physique d’Austin Power l’annonce à Londres.
18H06
Kevin Maingourd, 24 ans, sorte de « mini-moi » d’OAT (même look, même lunettes, même soutien à Jean-François Copé) dont il est le directeur de cabinet, arrive d’un pas pressé.
18H07
Max Piselli rend hommage à son directeur de cabinet et ami de 20 ans, Jacques Allet, décédé d’une crise cardiaque début octobre. Suit une minute de silence. L’émotion est palpable. La moitié du public quitte la salle.
18H17
Max Piselli propose l’unique candidature de Béatrice Bukala Mercier au poste de déléguée communautaire. Mireille Rougemont (PS) se présente aussi. Patrick Seror, qui a demandé un vote à bulletins secrets, se lève pour mieux se courber sur son micro, lunettes juchées sur le bout du nez. Il revient sur le « malheureux épisode des pains au chocolat, illustration pleine et entière de la politique d’exclusion et des dérives morales ». Il appelle « tous les républicains » à soutenir « la candidature du changement »… « Et Le changement, c’est maintenant », rajoute une jeune femme du public, hilare.
18H22
« J’ai été élu quatre fois maire. Alors quand vous en aurez fait quatre fois autant monsieur Seror, vous pourrez prendre la parole avec beaucoup plus de hauteur !, tacle Max Piselli. Notre majorité est unitaire [ndlr : justifiant l’absence d’OAT] alors que vous… Qui sait où est monsieur Martin ? Faudrait que je prenne sa photo et que de temps en temps je la montre à l’assemblée ! Il n’est pas digne des électeurs qui l’ont élu. Sachez qu’on est toujours là, monsieur Seror ! » Suivi d’un : « Moi je vote Bukala Mercier ! », faisant fi du bulletin secret…
18H24
Les votants défilent : Kevin pose pour la photo du quotidien local, pour le plus grand plaisir des cougars de la majorité. Audrey Giunchiglia, adjointe en charge de la vie (chère) étudiante, abandonne son sac Louis Vuitton pour déposer son enveloppe dans l’urne. Des bottes imprimé zèbre traversent la salle, c’est Véronique Soler Arnéodo de l’opposition, qui se distingue plus par sa tenue que par ses interventions… inexistantes ! Danielle Desprez en profite pour finir son tour de bises.
18H37
Bukala Mercier l’emporte 30 à 7.
18H50
Grand projet du maire : la salle des fêtes. Jacqueline Pozzana rappelle que pour un tel coût, environ 4 millions d’euros, la salle aurait pu être modulable. « Pourtant vous avez fait partie de la commission qui a voté pour ce projet madame Pozzana ! », fait remarquer Max Piselli. L’opposition vote contre, Jacqueline Pozzana et Mireille Rougemont s’abstiennent.
19H13
Gérald Pultrini (opposition DVD) sort fumer sa clope.
19H15
Michel Perrin prend la parole et s’énerve sur son micro : « J’appuie mais ça marche pas ! »
19H17
Stéphane Plouard demande l’adoption de subventions complémentaires pour certaines associations dracénoises allant de 300 euros pour le Triathlon à 16 500 euros pour le club de hand-ball. « Et qu’est-ce qu’on prévoit pour l’accueil des SDF ? », demande Claude Saumier. « Ce n’est pas de notre ressort mais de celui de l’Etat », répond le maire. Le vote tarde à venir, Stéphane Plouard se tourne vers ses « Domenech » et fait un signe de tête qui se veut rassurant.
19H20
Gérard Pultrini revient et s’affale sur son fauteuil. Celui qui n’a d’opposition que le nom n’interviendra pas de la soirée.
19H26
Le premier rang s’impatiente, Stéphane Plouard boit un coup d’eau. Les subventions sont adoptées. Le premier rang respire.
19H40
Le plus attendu pour la fin : le rapport des observations définitives de la Commission régionale des comptes concernant les inondations de juin 2010. S’ensuit un long plaidoyer du maire notant que les documents d’urbanisme ont été instruits par l’Etat : « L’entière responsabilité ne saurait être attribuée au seul maire de la commune », conclut-il.
19H56
« Il aura fallu tout de même 4 rapports pour que vous réagissiez ! ». Jacqueline Pozzana est la seule à prendre la parole. Max Piselli se nettoie les ongles. L’imprimé zèbre frissonne. L’adjoint au sport surfe sur le net et se frotte les yeux… Jacqueline Pozzana poursuit en évoquant le rapport du Sénat et « les maires inconscients du sud de La France et leur soif de construire ».
20H11
« Vous me donnez de grandes leçons sur ce qu’il aurait fallu faire ou ne pas faire… mais lors du drame, nous étions aux côtés de nos concitoyens… par contre, vous, on ne vous a pas vu ! » Jacqueline Pozzana tente de reprendre la parole. « On ne continue pas, vous avez suffisamment parlé et vous n’êtes pas assez courtoise ! Sur ce débat, je lève la séance ! », conclut Max Piselli.
Samantha Rouchard