Mini-miss et Maximoise !
En ce samedi soir de janvier, pluie et bourrasques n’ont pas dissuadé les 400 Maximois venus assister à l’élection de la future miss Sainte-Maxime 2013 qui défile, en février, sur le traditionnel Corso du mimosa. L’an dernier la parade avait viré au pugilat. La miss 2012, Ségolène Birien, et ses deux dauphines avaient subi insultes, jets d’œufs et même, crachats. Aucune des gagnantes n’étaient maximoises mais originaires, toujours dans le Var, de Hyères et de Trans-en-Provence ! Cela n’avait n’a pas échappé à une mauvaise perdante qui leur a gâché la victoire… Dominique Falduto, directeur du pôle événementiel de la SEMA (Société d’économie mixte d’aménagement) en charge de la soirée nous rassure : « Pour cette année et afin d’éviter tout débordement, le règlement intérieur à été modifié, toutes les jeunes filles présentes ce soir résident à Sainte Maxime. » La difficulté a été par contre de trouver assez de postulantes pour participer à l’élection 2013. « Souvent si les filles s’inscrivent dans les communes avoisinantes c’est pour éviter les quolibets, car ce n’est pas très bien vu de participer à ce genre de concours », nous précise Vincent Morisse, maire UMP de la commune. Et puis faut dire, surtout, qu’à Sainte Maxime la population féminine est plus près du tombeau fleuri que du corso…
Qu’importe ! Ce 19 janvier, dix jeunes filles se préparent à défiler devant un jury composé de six Maximois dont la miss 2012, jolie blonde de 17 ans qui remet son titre en jeu. Elle est la première assise à son poste, écharpe en bandoulière. C’est comme le Port-Salut… Elle patiente en lisant et relisant et re-relisant le programme de la soirée. Voter pour celle qui lui succédera et du même coup la rendra obsolète, aura été la seule obligation de son mandat. « Normalement la miss participe aussi à des activités de la vie locale comme le Rallye du Var mais étant donné les événements, on a évité », précise Dominique Falduto.
Préférence communale
Manque de vigilance, ou bienheureux hasard, nous sommes installés à la table de la 2ème dauphine ! On ne pouvait rêver mieux ! Droite comme un piquet sur sa chaise, l’écharpe en évidence, le cheveu impeccable et l’ongle « frenchement manucuré », la demoiselle semble investie d’une mission : celle de passer la soirée à critiquer les candidates ! Le défilé débute, elles passent tour à tour sur des talons, qu’elles domptent mal, en se livrant à des chorégraphies lascives qui semblent en gêner certaines. Blondes, brunes, elles sont objectivement toutes jolies… Le seul critère de pré-sélection, avec la préférence communale, c’est l’âge : avoir entre 16 et 25 ans.
Mylène, l’animatrice de soirée en robe lamée or – rien que ça ! – donne quelques précisions sur les participantes. Adeline, 19 ans ouvre le bal. « Adeline est déterminée et autodidacte », ponctue Mylène. Ce qui signifie quoi ? Qu’elle a appris à mettre un pied devant l’autre toute seule et qu’à force d’entraînement, elle y est arrivée ? Sylviane, « qui en est à sa 5ème participation », chauffe tous les pépés de la salle avec son déhanché. Voici Ambre, « très ponctuelle », puis Mélanie, « très gentille ». Mathilde défile en héroïne de manga, perruque violette sur la tête. Mais n’ayez pas peur : « elle est venue avec sa grand-mère ». Coralie « aime le shopping ». Charline est une « future hôtesse de l’air ». Et le co-animateur de rajouter aussitôt : « Dans ce cas-là, moi je prends l’avion tous les jours ! » Euh, elle a 16 ans la demoiselle, vieux cochon ! Après Marion, la « timide », voilà Samantha, « coiffeuse impulsive de 19 ans », et enfin Alexane, « future puéricultrice ».
Le diktat du bikini
C’est un concours de beauté ! », me précise-t-on quand je cherche à savoir pourquoi les jeunes filles ne s’expriment pas elles-mêmes. Bon ok, après deux heures passées à côté de Flipper-la dauphine 2012- il est difficile d’être persuadé que discourir serait à leur avantage. Accolée au podium, notre voisine voit les filles de près. Mais qu’y-a-t-il de tatoué sur le mollet d’une des participantes ? « C’est des chiffres à l’ancienne, vous savez genre du 18ème siècle », analyse la dauphine. Des chiffres romains…
« Il y aura trois passages, dont un en tenues sportives », avait précisé Dominique Falduto. Mais les miss ne défilent pas en jogging… mais en bikini. Laure Manaudou porte toujours un bikini pour nager le dos crawlé, c’est bien connu ! Et là, même si certaines rentrent le ventre et dissimulent le bout de gras sous le paréo, les spots sont sans pitiés pour la peau d’orange… Flipper multiplie les moues de dégoût face à ce qu’elle considère comme des candidates aux capitons illégitimes. Vient le moment de voter : la règle est simple, une note sur 20 pour chaque passage. Miss 2012 prend une pause qui semble dire « je réfléchis », à moins que ce ne soit « j’ai bu trop de champagne ». Sauf qu’elle envoie en simultanée, par texto les notes à Flipper, qui s’empresse de les répéter à haute voix : « Elle a mis 18 à la numéro 7 ! »
Après un énième intermède de la troupe Equinoxe, qui passe en revue toutes les comédies musicales des deux dernières décennies, arrive le moment crucial de réjouir trois jeunes filles et de faire pleurer les autres. Marion, qui s’est inscrite « plus pour vaincre ma timidité que pour gagner », devient Miss Sainte Maxime 2013 ! Et monsieur le maire de préciser « Dans le cœur de chaque papa, chaque jeune fille présente ici est la plus belle. » Eh oui, en 2014 c’est lui qui défile et les papas qui votent!
Samantha Rouchard