Mauvaise passe
Effets pervers
Interdire ou réglementer la prostitution ? C’est le plus vieux débat du monde. La France, il y a deux ans, a fait un pas de plus dans une logique abolitionniste en adoptant la loi de « lutte contre le système prostitutionnel » abrogeant le délit de racolage, pénalisant les clients et prévoyant des « parcours de sortie » pour les personnes prostituées. Seulement voilà. Elle n’est toujours pas, ou si peu, appliquée. Et la région Paca est l’un des mauvais élèves. Effets pervers de la réforme, dénoncée par ceux qui jugent que toute criminalisation aggrave la situation : plus de clandestinité, de marginalité, de violence…
De fait, massivement, la prostitution rime encore avec proxénétisme, misère et exploitation des femmes, très majoritairement, sans que les hastags MeToo ou BalanceTonPorc n’y changent grand-chose. Les mineurs à la rue sont exposés. Et les victimes étrangères de réseaux de passeurs tiennent le haut du pavé en payant une double peine. Quant à la prostitution 2.0 – à l’image des sites proposant de « mécèner » une étudiante – elle prospère discrètement en recouvrant les pulsions masculines parmi les moins reluisantes du voile pudique d’une modernité ubérisée.
Michel Gairaud
Au sommaire du cahier spécial, publié dans le Ravi n°166, daté octobre 2018. Actuellement chez les marchands de journaux en Paca : p.8 Une loi qui fout le bordel p. 9 Maisons closes, buzz ouvert p. 10 Le trottoir pour apprendre à marcher p.10 Mondialisation malheureuse p. 11 Prostitution 2.0 : pas si virtuelle que ça… p. 11 « Le bon client », le strip dessiné de Yakana p. 12 J’ai testé « Sugar Baby » p. 12 « Le proxénète reste un inconnu »