La Provence bulletin municipal
S’en est presque devenu banal : des journalistes qui migrent vers des services de communication. Ou l’inverse. Mais faire les deux en même temps, ce qui contrevient aux règles élémentaires de déontologie, relève de l’exploit. À Marignane (13), on semble s’en contrefoutre.
Muriel Sabatini, directeur de la communication depuis l’élection d’Éric Le Disses (LR), en 2014, a également écrit pour La Provence tout au long du mandat comme correspondant local de presse. Il l’est depuis trente-deux ans. « Je n’écris plus depuis le 1er septembre, se défend d’abord l’intéressé. Et je n’écris rien concernant l’action municipale. » Il devient tout colère lorsqu’on évoque un article de 2018 relatant une réunion sécurité menée dans le quartier de l’Estéou par le maire ou encore récemment lors de « l’aïoli géant » offert par la ville où Le Dissès a remis « un bouquet de fleurs à deux femmes qui fêtaient leur anniversaire ».
« Vous êtes téléguidé, accuse Sabatini. Ça ne vous gêne pas qu’il existe des cas similaires, travaillant dans les services de communication, à Vitrolles, Rognac, Berre… » De son côté La Provence se fait très discrète. La cheffe d’agence de l’étang de Berre, Sylvie Peres-Lugassy, gênée, renvoie la balle à son rédacteur en chef Jean-Michel Marcoul qui se contentera d’un mail d’une ligne expliquant que « Sabatini ne fait plus partie de nos effectifs ». Un peu léger. Ces pratiques, qui alimentent la défiance envers la profession, ne doivent pas occulter la question du statut des correspondants : payés au lance-pierre, ils sont pourtant indispensables pour faire tourner la presse régionale.